(Ottawa) Erin O’Toole est arrivé jeudi à Calgary, dans ce bastion conservateur où le député ontarien avait annoncé sa candidature dans la course à la direction du parti fédéral, en janvier 2020. Juste avant que la pandémie de COVID-19 ne frappe le pays.

Depuis lors, le chef conservateur a passé presque tout son temps à s’adresser virtuellement à des regroupements d’entreprises et des assemblées publiques. Cela ne l’a sans doute pas aidé à se faire connaître de plus de Canadiens, une opération qui est devenue de plus en plus pressante alors que les rumeurs d’élections anticipées vont bon train.

Des sondages récents suggèrent également que les libéraux maintiennent une avance sur les conservateurs et pourraient former un autre gouvernement. Les journalistes lui ont demandé jeudi quel message il voulait apporter aux conservateurs albertains, alors qu’un sondage sorti en avril dernier suggérait que sa popularité était en baisse.

« Je suis fier de notre parti ici en Alberta et nos députés extraordinaires ici, a-t-il répondu. Et on va travailler ensemble pour une relance économique dans chaque secteur de notre économie, incluant le secteur énergétique. »

M. O’Toole a d’ailleurs annoncé jeudi une « première mesure pour mettre fin au mauvais traitement des Canadiens de l’Ouest » : une réforme du Programme de stabilisation fiscale.

« L’Alberta souffre et les Albertains s’attendent raisonnablement à ce que le reste du pays, ce qui comprend le gouvernement fédéral, soit de leur côté, a indiqué M. O’Toole. Pour commencer à corriger le fait que les Albertains doivent payer plus que leur juste part, un gouvernement conservateur créera un Rabais de péréquation pour redonner aux Albertains une part de l’argent qu’ils ont donné pendant ces années difficiles. »

Cette « indemnisation rétroactive » vise à redonner 5 milliards « aux provinces qui paient plus que leur juste part » pendant certaines des années les plus difficiles, dont 4 milliards à l’Alberta. « On doit faire ça pour unir notre pays, a dit M. O’Toole jeudi. Et après ça, on va gagner ici, et d’un océan à l’autre. »

Une rencontre avec Kenney ?

Dans le cadre de sa tournée dans l’Ouest, M. O’Toole devait participer notamment au Stampede de Calgary, où les politiciens revêtent traditionnellement leur plus beau costume western pour servir des crêpes. Il visitera ensuite la Colombie-Britannique et la Saskatchewan.

Pendant son séjour à Calgary, le chef conservateur doit participer vendredi soir à un évènement avec le député de Calgary-Centre, Greg McLean, ainsi que des partisans et des bénévoles, pour galvaniser les troupes en vue d’un éventuel scrutin bientôt. Les conservateurs ont repris aux libéraux cette circonscription – qui abrite le Stampede – lors du scrutin de 2019. Dimanche, le parti organisera à Calgary une activité de financement, à 500 $ le billet, mettant en vedette le chef O’Toole.

Cette visite à Calgary fait suite à celle de M. Trudeau, la veille, au cours de laquelle le premier ministre a annoncé des subventions dans le transport en commun, se défendant de faire campagne. Le chef libéral a également rencontré le premier ministre conservateur de l’Alberta, Jason Kenney, un allié clé de M. O’Toole lors de la course à la direction du parti fédéral. Un porte-parole de M. Kenney n’a pas répondu mardi lorsqu’on lui a demandé si une rencontre avec M. O’Toole était prévue.

M. O’Toole visite l’Alberta et la Saskatchewan, où 37 des 38 députés fédéraux sont conservateurs, alors qu’il vient de présenter une formule de tarification du carbone, sur les carburants – un type de mesure que les députés conservateurs ont combattu bec et ongles pendant des années. Il soutient que le plan climatique conservateur est meilleur pour l’emploi que celui des libéraux, mais de nombreux partisans de l’Ouest y voient toujours une trahison.

Mais M. O’Toole plaide pour un élargissement de la base conservatrice : c’est pourquoi, dit-il, il a modernisé sa politique climatique et a clairement indiqué qu’il défendait le droit à l’avortement et les droits LGBTQ – des enjeux sociaux qui ont nui aux conservateurs d’Andrew Scheer en 2019, selon plusieurs observateurs.