(Québec) La députée de Duplessis, Lorraine Richard, entend bien effectuer son mandat en demeurant dans le caucus péquiste, mais elle entreprend en parallèle une réflexion sur son avenir politique, à savoir si elle sollicitera ou non un septième mandat en octobre 2022.

La députée péquiste de la Côte-Nord a été fortement ébranlée au cours des dernières semaines par une controverse suscitée par une déclaration qu’elle a faite sur la difficile cohabitation entre personnes aînées et déficients intellectuels.

Les critiques lui ont fait beaucoup de peine, l’ont atteint « personnellement », mais n’ont pas contribué à accélérer sa réflexion ou à l’amener à reconsidérer son action politique, a confié Mme Richard, en entrevue à La Presse Canadienne lundi. Et elle ne croit pas que cette histoire va lui coller à la peau, vu ses états de service.

Elle annoncera ses couleurs d’ici six mois. « Début 2022, c’est sûr que j’aurai pris ma décision », dit-elle, avouant avoir de la difficulté à renoncer à son travail de députée, qu’elle exerce avec passion depuis 2003 et qui va « tellement » lui manquer le jour où elle tirera sa révérence.

« J’ai des petits problèmes de santé, mais j’ai toujours cette passion qui m’anime », dit Mme Richard, qui aura bientôt 62 ans.

Elle nie catégoriquement les rumeurs qui pouvaient laisser croire qu’elle suivrait le même chemin que son ex-collègue Sylvain Roy en siégeant désormais comme indépendante.

« Je crois au Parti québécois. J’y ai toujours cru », dit cette souverainiste qui croit possible de voir son parti, présentement au plus bas dans les sondages, regagner la faveur populaire.

Elle se sent appréciée de ses collègues députés et dit n’avoir reçu aucune pression de la part de son chef, Paul St-Pierre Plamondon, pour laisser son siège en 2022.

« Une semaine dans la tourmente »

Au début du mois, en parlant d’un projet de Maison des aînés à Havre-Saint-Pierre, elle avait soulevé la controverse en affirmant que les personnes ayant une déficience intellectuelle ne devraient pas être hébergées dans la même résidence que des aînés en perte d’autonomie.

Elle disait « qu’une clientèle de personnes aînées ne se mélange pas avec des personnes qui ont des déficiences intellectuelles », et qu’on devait éviter qu’elles fréquentent « la même cafétéria ». Sa déclaration avait aussitôt été dénoncée et qualifiée de « discriminatoire » par plusieurs sur les réseaux sociaux. Une chroniqueuse d’un quotidien s’est même demandé si la députée avait un cœur.

Devant le tollé soulevé par ce rejet apparent de la mixité, Mme Richard a corrigé le tir le lendemain, 2 juin, sur sa page Facebook et présenté ses excuses aux personnes offensées. Elle écrivait alors avoir toujours appuyé l’intégration des personnes ayant une déficience « dans toutes les sphères d’activité de nos communautés, incluant l’hébergement ».

Elle expliquait que sa déclaration visait en fait à réagir « aux modifications apportées au projet de Havre-Saint-Pierre, qui est unique à la région de la Minganie, et au fait que sa version actuelle diffère du projet initialement présenté ».

Malgré ses excuses, elle a passé « une semaine dans la tourmente », houspillée de toutes parts. Avec le recul, elle réaffirme s’être « mal exprimée » et regrette ses propos.

Avec sa déclaration, elle explique qu’elle voulait critiquer l’approche « mur à mur » privilégiée par le gouvernement avec son projet de bâtir un réseau de Maisons des aînés, faisant valoir que, selon elle, la mixité du concept s’adaptait mal à la réalité de la Côte-Nord et à ses besoins spécifiques.

« À certains endroits, probablement que la mixité peut très bien se faire », selon elle, mais pas en Minganie, où il n’y a pas de ressources intermédiaires et pas de résidences privées pour aînés. Sur le fond, elle maintient donc sa position.

« Ce fut une semaine très difficile. Oui, j’ai un cœur et je pense que je l’ai démontré depuis de nombreuses années auprès de mes citoyens à me battre chaque jour » pour eux.

« Les gens me connaissent. Ils savent que j’ai toujours été là pour défendre les personnes qui n’ont pas de voix », conclut-elle.