(Québec) Le cœur du rapport du Comité sur la réalité policière, qui propose de faire passer de 31 à 13 le nombre de corps policier au Québec, n’est pas une priorité « à court et moyen terme » du gouvernement Legault.

« Ce ne sont pas des décisions qu’on peut entreprendre comme ça, rapidement, sans l’avoir documenté, chiffré, sans en avoir discuté. Il faut trouver un consensus, il faut le faire avec les parties prenantes. Pour moi, ce sont les policiers et les municipalités », a réagi mercredi la ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault.

Selon elle, cette idée avancée par le Comité, qu’elle avait mandaté après le dépôt du livre vert sur la police, est « sans doute l’élément du rapport qui va être le plus grand chantier de réflexion ». Mme Guilbaut a ajouté que sur ce point, « rien ne va bouger à court et moyen terme ».

Après le dépôt du rapport du Comité sur la réalité policière, les représentants municipaux s’inquiétaient de perdre des services de police de proximité. La Fédération des municipalités du Québec (FQM) s’est finalement dite soulagée, mardi, par les déclarations de la ministre.

L’UPAC est là pour rester

La ministre rejette également pour l’instant une autre recommandation phare du rapport déposé mardi, soit celle d’intégrer le Commissaire à la lutte contre la corruption et l’Unité permanente anticorruption (UPAC) à une nouvelle Unité spécialisée en cybercriminalité et crimes économiques.

« Si tu retires l’instance qui surveille la corruption, ça envoie un étrange signal à ceux qui pourraient être tentés de faire de la corruption. […] Je pense qu’il faut une organisation qui a pour mandat de lutter contre la corruption en permanence au Québec. On ne peut pas se passer d’une telle instance », a dit Geneviève Guilbault.

La ministre n’a toutefois pas écarté l’idée d’élargir dans le temps le mandat des enquêteurs qui travaillent pour l’UPAC. « L’objectif de dire, on va ratisser plus large l’expertise au Québec et la regrouper dans une seule structure, je ne ferme pas la porte aujourd’hui. Ce que je dis, c’est que l’UPAC va garder sa forme actuelle pour le moment, mais il ne faut jamais dire jamais », a-t-elle dit.

Un « rapport superficiel »

Le leader parlementaire de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, déplore pour sa part que le rapport déposé mardi par le Comité sur la réalité policière est « superficiel ».

« Ce qu’il fallait faire, c’est une réflexion bien plus large sur quel type de police nous voulons au Québec. Est-ce que c’est normal qu’une vaste proposition de cas qui sont gérés par les corps policiers ne relèvent pas d’enjeux de sécurité publique, mais plutôt d’enjeux sociaux ? […] Cette question fondamentale a été complètement négligée dans le rapport et c’est triste », a-t-il dit.

Le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, affirme de son côté qu’« [il faut] s’assurer que les services policiers de proximité, la compréhension locale des enjeux ne disparaisse pas en raison d’une centralisation ».

« Il va falloir qu’on garde un œil sur les réalités régionales. On veut fusionner beaucoup de choses, ça sera important qu’on prenne en compte certaines réalités régionales par rapport aux corps policiers », a également dit la cheffe libérale Dominique Anglade.