(Ottawa) L’ambassade de la Biélorussie au Canada a annoncé son intention de mettre la clé sous la porte en septembre prochain, après que le premier ministre Justin Trudeau eut critiqué et menacé de sanctions le régime Loukachenko, mardi.

« Veuillez noter que le gouvernement de la République de la Biélorussie a pris la décision de fermer l’ambassade de la République de la Biélorussie au Canada », a écrit la mission diplomatique sur son site web.

Le message, daté du 25 mai, fixe au 1er septembre prochain la fermeture de l’ambassade.

Mardi midi, en conférence de presse, le premier ministre Justin Trudeau a sévèrement critiqué les actions du régime autoritaire du président Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis 1994, et que l’on qualifie souvent de « dernier dictateur d’Europe ».

« Je voudrais dire quelques mots sur l’arrestation du journaliste biélorusse Roman Protassevitch [survenue] ce week-end. Le comportement du régime biélorusse est scandaleux, illégal et totalement inacceptable », a-t-il lâché.

« C’était une attaque claire contre la démocratie et la liberté de la presse. Nous le condamnons et demandons sa libération immédiate », a ajouté le premier ministre, condamnant du même souffle cette « dangereuse ingérence dans l’aviation civile ».

Le gouvernement canadien s’est rallié au camp de l’opposition biélorusse et de sa figure de proue, Svetlana Tikhanovskaïa, depuis que le président Alexandre Loukachenko a revendiqué la victoire avec quelque 80 % des voix, contre près de 10 % pour son opposante, en août dernier.

Dans le foulée de ce scrutin entaché d’irrégularités, dont plusieurs pays occidentaux ont refusé de reconnaître le résultat, Ottawa a frappé plus d’une cinquantaine de représentants du régime de sanctions économiques, de concert avec l’Union européenne et le Royaume-Uni.

Et à la lumière des récents évènements, Ottawa étudie d’« autres options », a prévenu Justin Trudeau.

« Pas surprenant »

L’ambassade de la Biélorussie avait pignon sur rue à Ottawa depuis 1997. La décision de Minsk de fermer boutique au Canada n’étonne aucunement Ivan Katchanovski, professeur à la faculté des sciences sociales de l’Université d’Ottawa.

« Ce n’est pas surprenant, et c’est en quelque sort un pattern [qui s’apparente aux pratiques de la Russie] en termes de relations diplomatiques », dit ce spécialiste de la politique et des conflits des États postsoviétiques comme la Biélorussie.

Il y voit un geste susceptible de mettre des bâtons dans les roues de citoyens biélorusses qui voudraient sortir du pays. « C’est vrai pour les gens qui voudraient immigrer au Canada, mais aussi pour des intellectuels ou des gens qui voudraient venir ici pour dire ce qui se passe là-bas », expose-t-il.

Le numéro un de la mission diplomatique biélorusse à Ottawa est un chargé d’affaires, Evgeny Russak.

Le Canada n’a pas d’ambassade en Biélorussie.