(Ottawa) Le ministre canadien des Affaires étrangères Marc Garneau a déploré dimanche l’arrestation de l’opposant biélorusse Roman Protassevitch survenue dans des circonstances troublantes, à l’aéroport de Minsk.

Dans un message diffusé sur Twitter, M. Garneau a exhorté le gouvernement biélorusse à libérer le prisonnier.

Le ministre a aussi condamné les circonstances entourant l’arrestation. « Le détournement par la Biélorussie et l’atterrissage forcé d’un avion et l’arrestation du journaliste Roman [Protassevitch] sont une ingérence sérieuse dans l’aviation civile et une attaque contre la liberté de la presse », a-t-il écrit.

M. Protassevitch a été arrêté après que l’avion de ligne de la compagnie Ryanair où il prenait place a été détourné vers l’aéroport de Minsk à la suite d’une prétendue alerte à la bombe.

L’appareil était parti d’Athènes et se rendait à Vilnius, en Lituanie. Selon divers sites pistant les vols, il n’était qu’à 10 km de la frontière lituanienne quand il a été détourné de son itinéraire.

Selon le service de presse du président biélorusse Alexandre Loukachenko, c’est ce dernier qui aurait ordonné à un chasseur MiG-29 d’escorter l’appareil après avoir été prétendument informé d’une menace à la bombe. Le commandant adjoint de l’armée de l’air biélorusse a affirmé que la décision d’atterrir à Minsk avait été prise par l’équipage de l’appareil.

Mais cette version a été réfutée par Ryanair qui, dans un communiqué, affirme que c’est un contrôleur aérien biélorusse qui a ordonné à l’avion de se rendre à Minsk.

Le président lituanien Gitanas Nauseda a qualifié l’incident « d’acte terroriste commandité par un État ». Il a annoncé que le Conseil européen en discutera lundi. Il compte proposer des sanctions contre le gouvernement de Loukashenko, notamment l’interdiction pour les avions biélorusses d’atterrir dans un aéroport européen.

Roman Protassevitch est l’ancien rédacteur en chef de Nexta, un média qui a joué un rôle important dans la récente vague de contestation contre Loukashenko. Les autorités biélorusses l’ont placé sur une liste de soi-disant terroristes. Il fait face à des accusations pouvant l’envoyer en prison pendant 15 ans.

« J’ai vu ce Biélorusse assis derrière nous avec sa compagne. Il a perdu son calme lorsque le pilote a annoncé que l’avion était détourné vers Minsk. Il a raconté qu’une condamnation à mort l’attendait là-bas », a déclaré le passager Marius Rutkauskas à l’arrivée de l’avion à l’aéroport de Vilnius.

Avec la contribution de l’Associated Press.