(Ottawa) Le chef conservateur Erin O’Toole autorisera un vote libre sur la proposition d’une membre du caucus pour interdire les « avortements sélectifs selon le sexe ».

Un projet de loi d’initiative parlementaire sur la question a été présenté mercredi par la députée de la Saskatchewan Cathay Wagantall et débattu à la Chambre des communes.

Mme Wagantall a cité un sondage qui a indiqué que de nombreux Canadiens sont opposés à l’interruption volontaire de grossesse sur la base du sexe.

Elle a fait valoir que son projet de loi promouvait l’égalité des sexes pour les filles et les femmes, et avait plus de soutien que d’autres questions liées à l’avortement tout en étant moins polarisant.

« J’encourage chaque membre de cette Chambre à avoir le courage d’exercer sa liberté légitime de voter selon sa propre conscience, de la même manière que nous, de ce côté-ci du parquet, avons cette liberté de faire et d’adopter ce projet de loi », a déclaré Mme Wagantall aux députés.

Elle a particulièrement lancé un défi aux députés libéraux, soulignant que le premier ministre Justin Trudeau et son cabinet s’identifiaient comme féministes.

Le projet de loi de Mme Wagantall a été présenté par la députée conservatrice Karen Vecchio, leader adjointe de l’opposition à la Chambre, qui a suggéré que les parlementaires devraient au moins être ouverts à discuter de la question, plutôt que de simplement se lancer dans des attaques contre leurs rivaux.

Mais les représentants du PLC, du NPD et du Bloc québécois n’ont pas tardé à prendre à partie les conservateurs, qualifiant le projet de loi de tentative dissimulée d’éroder les droits reproductifs des femmes avec des énoncés trompeurs et un langage autour de l’égalité visant à déguiser sa véritable intention.

« Personne ne soutiendrait l’avortement sélectif selon le sexe, mais ce n’est pas ce qu’est ce projet de loi », a déclaré Jennifer O’Connell, secrétaire parlementaire de la ministre de la Santé Patty Hajdu.

« Si ce projet de loi ne vise vraiment qu’à interdire les avortements sélectifs en fonction du sexe, alors pourquoi son propre chef a-t-il déclaré qu’il ne le soutenait pas ? Si ce n’est vraiment pas un moyen détourné d’éroder les droits des femmes, pourquoi son propre chef ne le soutient-il pas ? », a affirmé Mme O’Connell.

M. O’Toole a déclaré plus tôt dans la semaine qu’il voterait personnellement contre le projet de loi, car il soutient le droit d’une femme de choisir d’interrompre sa grossesse.

À ce moment, M. O’Toole n’a pas répondu directement à la question de savoir s’il autoriserait ses porte-parole de l’opposition à voter librement sur la question.

Sa porte-parole, Chelsea Tucker, a confirmé mercredi que les votes de conscience sont des votes libres pour tous les membres.

L’organisation anti-avortement RightNow a salué la nouvelle selon laquelle M. O’Toole s’en tient à sa promesse de campagne à la direction de permettre à ses députés de voter librement sur des questions de conscience.

« Bien que nous soyons heureux qu’Erin (O’Toole) ait confirmé cet engagement envers les pro-vie, nous sommes toujours déçus de sa décision de ne pas voter pour cette loi raisonnable et populaire », a déclaré la cofondatrice de l’organisation Alissa Golob dans un communiqué.

« Nous continuerons de surveiller de près quels députés voteront pour et contre la législation et encouragerons nos partisans à voter et à se porter volontaires en conséquence lors des prochaines élections. »