(Ottawa) Les militants du Nouveau Parti démocratique (NPD) sont prêts à prouver que leur parti est bien plus progressiste que le gouvernement libéral. Déjà, ils ont forcé le débat pour demander que le salaire minimum soit porté à au moins 20 $ de l’heure et indexé à l’inflation.

L’amendement a été amené par Barry Weisleder, qui s’affiche comme faisant partie du caucus socialiste du NPD, lors du congrès virtuel du parti vendredi après-midi.

Les militants débattaient alors d’une résolution pour demander le rétablissement du salaire minimum fédéral qui devrait être d’au moins 15 $ de l’heure et indexé à l’inflation. Mais il s’agit d’un « montant dépassé », a argué M. Weisleder, qui soutient que le NPD devrait être plus ambitieux.

Il a été appuyé par un autre délégué non identifié qui a soutenu qu’« il y a 10 ans, 15 $ de l’heure aurait été suffisant ».

Un autre délégué de la région de Toronto a soutenu que ce montant est bien trop ambitieux. « Comme parti, nous ne pouvons pas courir avant de pouvoir marcher », a-t-il plaidé, ajoutant que le NPD s’exposera aux attaques partisanes s’il appuie cette proposition amendée.

Une autre résolution intitulée « veiller à ce que les riches paient leur part » a eu l’appui du chef Jagmeet Singh, qui s’est prononcé en faveur. Elle demande à appliquer une taxe annuelle de 1 % sur les fortunes de 20 millions et à taxer les géants du web.

Le suspense sur le sort de ces deux résolutions durera jusqu’à samedi, deuxième jour du congrès. Les militants connaîtront alors le résultat de leurs votes.

Les quelque 2000 militants inscrits au congrès du NPD sont appelés à se prononcer sur 70 résolutions prioritaires qui pourraient se retrouver dans la prochaine plateforme électorale du parti.

Mais au rythme où se tiennent les débats, ponctués de délais techniques et de motions d’amendements, ils ne se prononceront que sur une poignée de résolutions d’ici dimanche.

Parmi celles-ci, dans la section sur les modifications aux statuts et affaires internes du parti, on propose de remettre le mot « socialisme » dans le préambule de la constitution du parti. Le mot avait été retiré en 2013 sous le leadership de Thomas Mulcair.

En entrevue, le chef adjoint du NPD, Alexandre Boulerice, se dit « tout à fait à l’aise » avec ce mot.

« Regardons ce qui se passe aux États-Unis avec Alexandria Ocasio-Cortez ou alors Bernie Sanders qui ont été élus en se proclamant et en étant clairement sous l’étiquette socialiste. Alors moi, ça ne me fait pas peur du tout et, au contraire, je le revendique depuis des années et j’en suis très fier », a-t-il dit.

En expliquant la volonté des militants de se réapproprier ce mot, M. Boulerice n’a pas non plus manqué d’écorcher l’invité spécial au congrès des libéraux, vendredi soir.

« Je pense que c’est la volonté d’assumer son identité et d’être capables aussi de dire : « les véritables progressistes, c’est nous, et pas les progressistes de » banquiers « comme les libéraux le font avec Mark Carney », a lancé M. Boulerice à l’autre bout du fil.

Le NPD n’a pas recours à des conférenciers de l’extérieur pour parler à son congrès ; il réunit plutôt la grande famille néo-démocrate.

Vendredi, les militants ont eu droit à des discours d’Ed Broadbent, l’ancien chef du NPD fédéral, ainsi que des chefs du NPD du Yukon et du Manitoba, qui ont tous plaidé en faveur d’un parti à Ottawa bien positionné à gauche.

Le premier ministre de la Colombie-Britannique, John Horgan, seul chef du NPD provincial à la tête d’un gouvernement, va s’adresser aux militants samedi. Il sera suivi des chefs du NPD de l’Ontario et de la Saskatchewan, ainsi que du syndicaliste Hans Marotte.

Puis, dimanche, ce sera au tour du chef du NPD, Jagmeet Singh, et de la cheffe du NPD en Alberta, Rachel Notley, de fouetter les troupes de façon virtuelle.

M. Singh va tenter de convaincre ses militants que c’est le NPD qui a réussi à faire des gains pour les gens pendant la pandémie.

Le chef du NPD prend le crédit, notamment, d’avoir réussi à augmenter le pourcentage de la subvention salariale pour les entreprises et d’avoir augmenté le montant des différentes prestations d’aide pour les particuliers frappés par la COVID-19.