(Québec) Dans sa nouvelle offre à son demi-million d’employés, Québec propose de faire passer les hausses salariales de 5 % à 6 % en trois ans si la croissance économique prévue est au rendez-vous et que l’inflation dépasse 5 %. Il ajoute des montants forfaitaires représentant 1 % du salaire la dernière année des prochaines conventions collectives.

La présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, a dévoilé sa proposition en conférence de presse mercredi, au lendemain d’une rencontre avec les chefs syndicaux à Québec. Les centrales syndicales, quant à elles, ont manifesté pour souligner que les conventions collectives étaient échues depuis un an jour pour jour.

Le gouvernement estime que sa nouvelle offre, la troisième depuis le début des négociations, représenterait une hausse de sa masse salariale pouvant atteindre 4,1 milliards de dollars en trois ans. Son offre précédente totalisait 3,3 milliards (ou une augmentation de la masse salariale de 8,2 %).

Québec offre des hausses salariales de 1,75 % pour 2020-2021, de 1,75 % pour 2021-2022 et de 1,5 % pour 2022-2023. Le gouvernement propose également une « majoration salariale récurrente pouvant atteindre 400 millions si l’inflation dépasse 5 % et si la croissance économique prévue par le gouvernement est au rendez-vous ».

Pour les employés de l’État, il s’agirait donc d’une hausse supplémentaire de 1 % si la croissance économique prévue est au rendez-vous (ce qui ferait passer l’offre gouvernementale de hausses salariales de 5 % à 6 %). Selon le budget Girard déposé la semaine dernière, Québec prévoit une hausse du PIB réel de 4,2 % en 2021, de 4 % en 2022 et de 2 % en 2023. Les prévisionnistes du secteur privé s’attendent de leur côté à 5,1 %, 3,8 % et 2,1 % en moyenne. Le gouvernement prévoit aussi une « augmentation salariale supérieure pour le personnel dont la rémunération annuelle est inférieure à 50 000 $ ».

Pour chacune des trois années de la convention collective, des montants forfaitaires – sommes non récurrentes qui ne modifient pas le salaire de base dans les échelles – seraient aussi versés. Le gouvernement met ainsi sur la table de négociation 400 millions pour l’ensemble du personnel.

Bonifications en santé

Dans le secteur de la santé, Québec propose de déployer 1500 employés à temps complet dans le réseau. Le gouvernement bonifie aussi les primes pour les quarts de travail de soir, de nuit et de fin de semaine, tout en réduisant le recours aux agences de placement.

Comme promis par le premier ministre, François Legault, au début de la pandémie, Québec souhaite faire passer le salaire du personnel à temps complet dans les CHSLD à 26 $ l’heure, soit 49 000 $ par année.

À la Direction de la protection de la jeunesse, Sonia LeBel confirme les annonces qu’elle a faites mardi à la période des questions. Québec propose ainsi d’ajouter dans le réseau 500 employés à temps complet et d’instaurer une nouvelle prime de 3,5 % pour les intervenants en centre jeunesse.

En éducation, Québec veut remplir sa promesse d’améliorer le salaire de base à l’entrée des nouveaux enseignants. Le gouvernement propose aussi de retirer aux enseignants la tâche de surveiller les récréations afin qu’ils se consacrent aux tâches d’enseignement.

Une « opération de communication »

La Confédération des syndicats nationaux (CSN) affirme que la nouvelle offre faite par Québec n’est ni plus ni moins qu’une « nouvelle opération de communication », ou plutôt un « désolant exercice de relations publiques de la Coalition avenir Québec sur le dos des travailleurs ».

Pour la CSN, les montants forfaitaires annoncés par Québec sont « éphémères » et ne représentent pas des actions qui vont « attirer et retenir le personnel ». « On est loin du coup de barre nécessaire », a-t-on réagi.

« La CSN ayant obtenu, le 15 mars dernier, un mandat clair de planifier la grève des syndicats de tous les secteurs qu’elle représente, tant dans les réseaux de l’éducation et de la santé et des services sociaux que dans les organismes gouvernementaux, elle affirme que la nouvelle tentative du gouvernement de régler au rabais les conventions collectives du secteur public accélérera les démarches déjà entamées en ce sens », a-t-on indiqué par communiqué.

La Centrale des syndicats du Québec soumettra pour sa part à son instance de négociation l’offre gouvernementale, qualifiée de « nettement insuffisant[e] pour régler les nombreux problèmes » vécus par les employés qu’elle représente.