(Ottawa) Les propos d’un professeur de l’Université d’Ottawa, qualifiés de « Québec bashing » par Justin Trudeau, continuent de provoquer des réactions à Ottawa, comme à Québec.

Et si la plupart des réactions politiques s’en prennent à Amir Attaran, celui-ci s’est trouvé un allié chez les députés néo-démocrates.

« Félicitations à @profamirattaran qui résiste au racisme qu’il voit se perpétuer au Québec », a écrit le député Matthew Green sur son compte Twitter.

« La culture de la suprématie blanche réclame "liberté d’expression" pour les gens blancs qui crachent une rhétorique raciste, puis réclame censure pour quiconque les dénonce », a aussi lancé le député néo-démocrate.

Dans un tout autre camp, le chef bloquiste, mardi matin, a réclamé que le recteur de l’université sévisse contre Amir Attaran.

« Je m’inquiète qu’un professeur puisse […] bénéficier de sa liberté d’expression, sans que l’université ne prenne acte de la nature des propos et se demande si cette conviction profonde, répétée et tellement belliqueuse du professeur ne risque pas de transparaître dans son enseignement », a déclaré Yves-François Blanchet, lors d’un point de presse.

Dans un courriel, la porte-parole du recteur Jacques Frémont a indiqué à La Presse Canadienne que celui qui dirige l’Université d’Ottawa allait en rester là et ne commenterait pas davantage la situation.

PHOTO BONNIE FINDLEY, UNIVERSITÉ D'OTTAWA

Jacques Frémont, recteur de l'Université d'Ottawa

Dimanche, une lettre de M. Frémont au chef du Parti québécois a été rendue publique. Le recteur y écrivait qu’il se dissocie des propos de M. Attaran. Mais étant donné que celui-ci s’était exprimé sur un compte Twitter personnel, il n’est pas question de le sanctionner.

« La liberté d’expression n’est pas un buffet où on choisit les cas où le discours est acceptable et où il ne l’est pas », a écrit Jacques Frémont à Paul St-Pierre Plamondon.

Le leader du Parti québécois avait réclamé des excuses à l’Université d’Ottawa, excuses qui ne se sont pas matérialisées. Il espère maintenant que le recteur révisera sa position.

PHOTO PAUL CHIASSON, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Paul St-Pierre Plamondon

« Je constate que l’Université d’Ottawa demeure très timide dans sa condamnation des propos de M. Attaran. Ça crée bel et bien un environnement de deux poids, deux mesures. J’ai pris acte de la réaction de Mme [Verushka] Lieutenant-Duval. Et elle a raison. Comment expliquer son traitement par rapport à celui de M. Attaran ? », a demandé M. St-Pierre Plamondon.

Cette enseignante avait été secouée par tout un tourbillon lorsqu’elle a utilisé le mot commençant par la lettre « n » alors qu’elle expliquait un concept dans un cours d’histoire de l’art.

Et puis, les chefs péquiste et bloquiste ont commenté la réaction du premier ministre Trudeau qui, lundi, a lancé « Ça va faire, le Québec bashing ! ».

« Quand même M. Trudeau trouve que ça suffit, c’est probablement parce qu’on est allé vraiment très loin en matière de Québec bashing », a supposé le chef péquiste.

« Je ne fais pas souvent ça, a souri M. Blanchet. Mais cette fois-ci, je le fais de bonne grâce. M. Trudeau a dit la bonne chose. M. Trudeau a dit ce que les Québécois voulaient entendre et ce que les gens qui sont d’accord avec M. Attaran doivent entendre. »

Pour sa part, le chef conservateur Erin O’Toole s’est dit « déçu » de la situation. « Les Québécois et Québécoises ne sont pas racistes. Et j’aimerais voir une approche plus sérieuse par un professeur comme ça », a offert M. O’Toole, interrogé à ce sujet pendant un point de presse, mardi matin.

Il a cependant préféré ne pas donner son avis sur ce que le recteur de l’université devait faire.