Le droit de travailler en français au Québec « doit être défendu plus que jamais », affirme le ministre Simon Jolin-Barrette.

Le ministre responsable de la Charte de la langue française a formulé cet engagement, vendredi, alors qu’il s’est adressé à une centaine de représentants des différents syndicats de la FTQ intéressés aux questions de francisation.

Ces militants et représentants ont rapporté des cas comme celui d’une université francophone qui affiche « énormément de postes qui demandent de l’anglais à un niveau important » et où il y a « même des postes, plusieurs postes, où on n’exige même plus le français ».

Une autre représentante, du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), a rapporté le cas de sa municipalité de Gatineau, où, au fil des ans, le syndicat a dû déposer plus de 200 griefs pour contester l’exigence du bilinguisme pour des postes de cols blancs. Le syndicat a déjà dû se rendre jusqu’en Cour d’appel, a-t-elle rapporté.

Dans l’industrie du vêtement aussi, une représentante a rapporté la difficulté de travailler en français, puisque les travailleuses y sont de toutes les origines.

Balises et terrain

Certains ont demandé à Québec de mieux baliser l’article 46 de la loi 101 sur le bilinguisme exigé pour certains postes.

D’autres ont suggéré que les grandes entreprises soient contraintes de se doter d’un représentant à la francisation, comme c’est le cas en santé-sécurité au travail, avec un représentant à la prévention.

D’autres ont insisté pour que l’Office québécois de la langue française dispose de plus de moyens, notamment pour vérifier sur le terrain le respect des droits des francophones.

Le ministre Jolin-Barrette a réitéré devant eux sa volonté de déposer un projet de loi d’ici la mi-juin pour revoir la loi 101, une réforme qui sera jumelée à « un solide plan d’action ».

Plus d’outils pour l’OQLF

Le secrétaire général de la FTQ, Denis Bolduc, a souhaité que le ministre joigne vraiment le geste à la parole et qu’il donne des moyens suffisants à l’Office québécois de la langue française.

« Le ministre nous a dit qu’il va faire en sorte que l’Office puisse jouer pleinement son rôle de protection de la langue française au Québec. À la FTQ, on va être de ceux qui vont demander au ministre que des outils supplémentaires vous soient donnés (à l’Office) pour jouer ce rôle-là », a-t-il déclaré.

La FTQ a toujours été très active en matière de francisation au travail, dans des industries comme le vêtement, par exemple, ou même l’aéronautique.

Pas contre les anglophones

Le ministre a insisté sur le fait que sa future réforme ne visait pas à retirer des droits aux anglophones du Québec. « Contrairement peut-être à ce qui s’est passé au cours des 50 dernières années, je n’ai pas l’intention d’opposer une langue contre l’autre. »

Mais le droit de vivre, d’être servi et de travailler en français doit être réaffirmé collectivement, a-t-il soutenu. « Il faut s’assurer d’avoir des balises qui vont permettre de faire en sorte que les Québécois vont pouvoir continuer d’exercer leur droit de travailler en français, vont pouvoir continuer de vivre leur vie en français. »

La présidente-directrice générale de l’OQLF, Ginette Galarneau, a souligné que les plaintes reçues à l’office ne portaient pas majoritairement sur la langue de travail.

« Le gros volume des plaintes à l’Office, c’est la langue de service dans les commerces, c’est les sites web, c’est l’affichage ou la documentation commerciale », a-t-elle précisé.