(Québec) Après des semaines de tiraillements, le maire de Québec et le premier ministre ont scellé mercredi matin une entente qui ouvre la voie à la mise en place d’un tramway dans la capitale.

L’appui du gouvernement permettra d’aller en appel de propositions pour trouver le consortium chargé de bâtir le projet 3,3 milliards, qui doit permettre à Québec « d’arriver au XXIe siècle », comme l’a souvent répété Régis Labeaume.

« Nous avons eu une excellente rencontre. Le premier ministre et moi, nous nous sommes entendus. J’ai sa parole. J’ai la parole du premier ministre et le premier ministre a la parole du maire de Québec », a dit M. Labeaume au sortir de sa rencontre d’une heure et demie avec François Legault.

« C’est dans les mains du gouvernement. Il y a un conseil des ministres tous les mercredis et c’est là que ça se décide. J’ai senti le premier ministre pressé. Il a hâte que les choses se règlent », a ajouté le maire.

Le gouvernement a salué un développement « positif pour les gens à Québec ». « Je pense bien que, définitivement, tout le monde est sur la même longueur d’onde », a dit la vice-première ministre du Québec, Geneviève Guilbault.

Une annonce est à venir « prochainement », a assuré le ministre des Transports, François Bonnardel.

Ce règlement survient presque trois ans jour pour jour après l’annonce du projet par la Ville en mars 2018. Le projet devait d’abord comprendre un tramway et un trambus. Mais ce système d’autobus rapide avait été abandonné par la Ville pour des considérations budgétaires.

Le gouvernement Legault avait dans les derniers mois critiqué la mauvaise desserte des banlieues. L’appui même de Québec, qui finance le projet à hauteur de 1,8 milliard – 1,2 milliard provient d’Ottawa – était en jeu.

« Cette fois-ci c’est la bonne »

L’entente survenue entre la Ville et le gouvernement prévoirait un changement de trajet : le tramway partira toujours du secteur Le Gendre à l’ouest, mais devra finir sa course dans D’Estimauville plutôt que Charlesbourg.

« On va le mettre sur papier. Évidemment, on l’a écrite. Mais il faut qu’il y ait un décret pour que ce qui a été entendu soit écrit clairement et voté », a précisé Régis Labeaume.

Le budget de quelque 3 milliards sera entièrement affecté au tramway. L’État québécois va éponger la facture pour la desserte des banlieues, probablement assurée par des voies réservées. « Nous sommes très heureux de ça. Nous, on va s’occuper des banlieues et la desserte des banlieues sera gérée par le MTQ », a salué Régis Labeaume.

Le maire de Québec n’a pas donné d’indice sur son avenir politique mercredi. L’homme de 64 ans, qui a affronté un cancer de la prostate en 2019, n’a pas encore dit s’il allait solliciter un cinquième mandat en novembre prochain.

Etienne Grandmont, directeur d’Accès transports viables, une organisation qui défend les droits des utilisateurs des transports collectifs et actifs dans la capitale, a salué ce dernier développement.

« On dirait que cette fois-ci c’est la bonne. Évidemment, on a hâte de voir les détails de l’entente. Mais c’est certainement une journée qu’on pourra marquer d’une pierre blanche. »

Défenseur de la première heure du projet, M. Grandmont préférait le tracé vers Charlesbourg. « Mais D’Estimauville n’est pas une mauvaise destination. L’achalandage sera peut-être moindre, mais il y a une bonne capacité de développement là-bas », croit-il.

Il mentionne que les modifications apportées vont permettre au tramway de se rendre à l’Hôpital de l’Enfant-Jésus. L’hôpital est en voie d’être agrandi et transformé en « centre hospitalier ultramoderne de classe mondiale ».

« Ça va permettre aux employés, mais aussi à plusieurs patients d’avoir une option intéressante pour s’y rendre », note M. Grandmont.

Avec Fanny Lévesque, La Presse