(Ottawa) Pour la seconde fois cette semaine, bloquistes et libéraux se sont alliés pour isoler les conservateurs au Parlement.

Mercredi, c’est la gestion de l’offre qui a servi de prétexte.

Durant la période des questions mercredi après-midi, le premier ministre Justin Trudeau s’est empressé d’annoncer que le gouvernement voterait en faveur d’un projet de loi bloquiste qui réclame que les futurs accords commerciaux ne touchent pas à la gestion de l’offre.

« Notre gouvernement s’est engagé publiquement à ne pas faire d’autres concessions dans ses futurs accords commerciaux », a déclaré M. Trudeau, avant de s’attaquer aux troupes d’Erin O’Toole.

« Ce serait bien que les conservateurs eux aussi appuient la gestion de l’offre », a-t-il lancé.

Au moment du vote, 80 conservateurs se sont opposés à C-216 ; parmi eux, leur chef Erin O’Toole.

Une trentaine de conservateurs, incluant tous les élus du Québec, ont appuyé le projet de loi bloquiste.

Les trois autres partis ont tous voté en faveur de l’initiative qui en était à la deuxième lecture. C-216 procède donc à l’étude en comité.

Invité à expliquer le vote de M. O’Toole et de 79 des siens, le porte-parole du chef conservateur a assuré, par courriel, que l’ensemble de son parti est « pour la protection de la gestion de l’offre ».

« Il serait irresponsable de mettre nos cartes sur la table avant même d’entamer la négociation de toute entente commerciale et d’indiquer que certaines industries seraient protégées tandis que d’autres ne le seraient pas », a écrit Axel Rioux.

Le député bloquiste qui a soumis le projet de loi en avait défendu l’utilité mercredi matin en point de presse.

« La Grande-Bretagne veut exporter plus de fromage », a souligné Yves Perron. « Je vous garantis qu’il va y avoir des demandes là-dessus. Ensuite, il y a le Mercosur. […] Quand on travaille au Parlement, on essaie de prévoir l’avenir. […] Et je vous le dis, il va y en avoir d’autres, des demandes », a-t-il insisté.

Aux Communes, en après-midi, M. Perron a souligné que sa démarche a reçu l’appui unanime de l’Assemblée nationale le jour même.

« Que l’Assemblée nationale […] demande au gouvernement du Canada de protéger intégralement le modèle de gestion de l’offre dans le cadre des accords internationaux à venir », ont réclamé les députés à Québec.

Un dernier débat sur l’aide médicale à mourir

Mardi, bloquistes et libéraux se sont unis autour du projet de loi sur l’aide médicale à mourir pour lequel le gouvernement a déposé une motion de clôture.

Les conservateurs se promettaient d’étirer le débat sur le projet de loi C-7 et en sont maintenant empêchés. La motion de clôture recevra l’appui des députés bloquistes et mettra donc fin au débat jeudi.

C-7 retournera alors au Sénat et pourra y être adopté à temps pour la date butoir du 26 mars, à condition que les sénateurs acceptent la version du texte rédigée par les élus.

La Cour supérieure du Québec a donné un quatrième et ultime délai au gouvernement fédéral avant que ne soit appliqué l’arrêt Truchon qui a invalidé le concept de « mort raisonnablement prévisible » inscrit dans la première loi sur l’aide médicale à mourir.