(Ottawa) Le gouvernement fédéral promet aux municipalités, à court d’argent, des milliards de dollars de financement permanent pour leurs systèmes de transport en commun, bien que la majeure partie de ces sommes n’arrivera que plus tard dans la décennie.

Le premier ministre Justin Trudeau a fait cette annonce de 14,9 milliards, mercredi, alors qu’il se préparait à une réunion virtuelle avec les maires des plus grandes villes du Canada, dont plusieurs ont du mal à joindre les deux bouts en raison de la pandémie.

« Ces investissements appuieront de grands projets de transport en commun, comme le prolongement du métro ou l’électrification des flottes d’autobus », a déclaré M. Trudeau lors d’une conférence de presse virtuelle. « Ils serviront également à répondre à la demande croissante de couloirs piétons et de pistes cyclables, et aideront les communautés rurales et éloignées à réaliser des projets pour relever leurs défis de mobilité. »

Selon le gouvernement, près de 6 milliards seront offerts dès cette année aux municipalités pour des projets prêts à démarrer ; le reste ira à un fonds permanent pour les transports en commun de 3 milliards chaque année, qui sera lancé en 2026-2027.

Aux journalistes qui soulignaient le fait que ces nouveaux fonds se feraient attendre, la ministre de l’Infrastructure et des Collectivités, Catherine McKenna, a répondu que le gouvernement fédéral avait déjà dépensé 13 milliards depuis 2015 pour des projets d’infrastructures. Ottawa compte également sur la Banque de l’infrastructure du Canada, qui a 5 milliards à sa disposition.

Le télétravail et les autobus vides

Les besoins à long terme des villes et villages restent incertains, car les dirigeants municipaux réfléchissent à la vie après la pandémie, notamment si le télétravail réduira la demande de transports publics.

M. Trudeau a reconnu ces incertitudes, mais il a suggéré mercredi que l’importance du transport en commun continuera de croître, en particulier à mesure que les gouvernements, à tous les niveaux, s’efforcent de réduire les émissions de gaz à effet de serre et de lutter contre les changements climatiques.

Le maire d’Edmonton, Don Iveson, qui préside actuellement le Caucus des maires des grandes villes à la Fédération canadienne des municipalités, croit que le nombre d’usagers des transports en commun reviendra à la normale d’ici trois à cinq ans. « Et donc, ces systèmes que nous construisons seront là pour les générations à venir », a-t-il dit en entrevue à La Presse Canadienne.

L’argent promis mercredi par Ottawa est destiné aux nouveaux systèmes et aux prolongements : il n’aidera pas spécifiquement les municipalités qui ont actuellement du mal à boucler les coûts d’exploitation du transport en commun pendant la pandémie, alors que de nombreux autobus et voitures de métro sont à moitié vides.

Le gouvernement fédéral et les provinces s’étaient mobilisés l’an dernier pour aider les municipalités, et le maire Iveson a indiqué mercredi que les discussions sur l’aide cette année se poursuivaient.

Au tour des provinces

M. Iveson se réjouit par ailleurs du financement annoncé mercredi, une victoire selon lui pour les municipalités qui demandaient une plus grande prévisibilité à long terme pour la construction et l’expansion des systèmes de transport en commun, ainsi qu’un moyen d’aider l’économie et de lutter contre le changement climatique.

Il faudra maintenant obtenir des engagements des provinces pour qu’elles assument leur part du financement des projets. Ottawa assure qu’il souhaite travailler avec les provinces, les territoires et les municipalités, ainsi que les communautés autochtones, pour identifier des projets et d’autres utilisations potentielles du fonds annuel de 3 milliards.

Chantalle Aubertin, porte-parole de la ministre McKenna, a précisé que contrairement aux engagements précédents d’Ottawa en matière d’infrastructure, le nouvel argent ne sera pas spécifiquement réparti entre les provinces, mais plutôt mis dans une cagnotte où l’on pourra plonger chaque fois qu’un projet sera prêt. Elle explique que certaines provinces n’utilisent pas l’argent qui leur était auparavant alloué, tandis que d’autres en réclament davantage.

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, s’est réjouie de ce soutien fédéral, qui « s’inscrit parfaitement dans l’esprit d’une relance verte et inclusive », a-t-elle écrit sur Twitter. « C’est une excellente nouvelle, notamment pour des projets comme le Réseau express métropolitain de l’Est ! »

Le porte-parole conservateur en matière d’infrastructure, Andrew Scheer, a toutefois accusé le gouvernement libéral de ne pas avoir répondu par le passé aux attentes des municipalités et des provinces avec ses retards dans les promesses de dépenses d’infrastructure.

Le programme d’infrastructure libéral est « horrible », a écrit M. Scheer sur Twitter. « Il suffit de demander au (directeur parlementaire du budget), ses propres vérifications internes et Statistique Canada. Justin Trudeau espère que vous serez dupé par ses promesses, alors qu’il ne peut pas faire le travail aujourd’hui. »