(Québec) Les partis d’opposition craignent qu’un retour à l’équilibre budgétaire en cinq ans mène le gouvernement Legault à mettre en place des politiques d’austérité, alors que l’heure est plutôt aux « investissements massifs ».

Le ministre des Finances, Eric Girard, a déposé jeudi une mise à jour budgétaire, misant sur un plan de relance de 1,5 milliard d’ici trois ans pour sortir le Québec du marasme économique causé par la COVID-19. Le gouvernement se laisse aussi cinq ans pour atteindre « un retour à l’équilibre budgétaire responsable », et ce « sans couper dans les services et sans augmenter les taxes et les impôts ». Selon les prévisions de Québec, le PIB de la province, qui chutera de 6 % cette année, augmentera de 5 % dès l’an prochain.

L’ancien ministre libéral des Finances, Carlos Leitão, aujourd’hui critique de l’opposition officielle en cette matière, prévoit pour sa part que le Québec ne renouera pas si rapidement avec la croissance. Dans ce contexte, « je ne pense pas qu’on puisse s’engager à revenir à l’équilibre d’ici cinq ans ». a-t-il dit jeudi.

« Il faut regarder la réalité en face. […] C’est une récession qui est très atypique, sérieuse, profonde. [Le ministre] pense qu’on est déjà sorti [de récession] et qu’au quatrième trimestre, on va commencer le retour à la croissance [qui va] s’accélérer en 2021. J’espère que ça soit le cas, mais je trouve extrêmement jovialiste », a affirmé M. Leitão.

Selon lui, « le moment était maintenant d’annoncer des dépenses massives. M. Girard est beaucoup trop proche de son portefeuille […] et ce n’est pas le moment. C’était maintenant qu’il fallait investir massivement. »

« Si on veut se sortir de [cette crise], avoir une relance économique, il faut que des entreprises survivent à ce qu’on a présentement comme crise », a affirmé pour sa part la cheffe libérale Dominique Anglade.

Le critique de Québec solidaire en matière de Finances, Vincent Marissal, a de son côté affirmé qu’un retour à l’équilibre budgétaire en cinq ans mènera le gouvernement Legault à imposer des politiques d’austérité.

« On se retrouvera devant de nouvelles compressions et de nouvelles rondes d’austérité », a-t-il prévu, ajoutant qu’en forçant un retour à l’équilibre en cinq ans, « ce n’est pas lui qui va souffrir », mais les Québécois qui utilisent les services publics.

Pour le nouveau chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, « c’est faisable » de respecter la Loi sur l’équilibre budgétaire. « C’est simplement qu’une grande partie de notre budget est contrôlé par [le gouvernement fédéral] sur lequel on n’a pas le contrôle », a-t-il dit.

Selon lui, cette question du retour à l’équilibre budgétaire est un nouvel exemple pourquoi la souveraineté du Québec permettrait aux Québécois d’avoir un meilleur contrôle sur la relance économique.