(Québec) Le Parti québécois est « sous le choc » après l’arrestation de son député Harold LeBel pour agression sexuelle. L’élu a été exclu du caucus du parti pour toute la durée du processus judiciaire, afin d’offrir une entière collaboration aux autorités.

Selon nos informations, la victime alléguée oeuvre au sein du milieu politique à Québec. Les évènements se seraient produits en 2017.

« Les violences sexuelles, toutes les violences sexuelles, doivent être combattues avec force. Personne n’est au-dessus de la loi », a martelé le chef du PQ, Paul St-Pierre Plamondon, lors d’une brève conférence de presse qui n'a duré que quelques minutes, mardi matin au bureau du parti à Montréal, sur la rue Ontario.

Il a affirmé qu’il n’avait « pas plus d’informations » sur la nature des allégations à ce stade-ci, n’ayant pas encore parlé avec M. LeBel. Celui-ci se trouve toujours dans un poste de police, selon les informations du parti. « Comme organisation, nous allons définitivement collaborer à l’enquête », a promis le nouveau chef péquiste, en insistant sur le fait que la situation est prise « très au sérieux » à l'interne.

M. LeBel a été exclu du caucus à l’instant où le parti a été mis au courant des faits allégués, a par ailleurs assuré M. St-Pierre Plamondon. Avec son expulsion du caucus péquiste, Harold LeBel siège désormais comme indépendant. Le Parti québécois se retrouve avec huit députés à l'Assemblée nationale.

Les raisons évoquées sont très graves. Dès que j’ai été mis au courant de l'arrestation, j’ai pris la décision de retirer M. LeBel du caucus le temps que l’enquête suive son cours.

Paul St-Pierre Plamondon, chef du Parti québécois

« Personne n'est au-dessus des lois »

Le tout survient alors qu’à Québec, la ministre responsable de la Condition féminine, Isabelle Charest, ainsi que la députée péquiste Véronique Hivon, l’élue libérale Isabelle Melançon et la solidaire Christine Labrie ont déposé mardi le rapport du Comité d’expertes et d’experts pour l’accompagnement des victimes d’agression sexuelle et de violence conjugale.

« Je suis sous le choc. J'espère que les événements de ce matin en lien avec ce qu'on dépose vont être porteurs d'espoir. [...] Personne n'est au-dessus des lois », a déclaré Véronique Hivon en marge de cet événement, faisant ainsi écho aux propos de son chef.

« Aujourd'hui, j'ai une pensée pour la collègue qui a été victime de ça. [...] Ça prend énormément de courage pour dénoncer, notamment pour dénoncer un collègue. La politique n'est pas exempte de violences sexuelles. Aucun milieu n'est à l'abri de ça », a poursuivi Christine Labrie.

« L'objectif du rapport [que l'on présente] est de rebâtir la confiance et de faire en sorte que les victimes vont vouloir dénoncer et [auront] le sentiment d'être écoutées, entendues, soutenues. Alors évidemment, c'est là que mes pensées sont dirigées. [...] Je suis avec la victime présentement », a complété la ministre Isabelle Charest à ce sujet.

En mêlée de presse, le premier ministre François Legault a indiqué qu'il ne ferait pas de commentaires, soulignant qu'il n'en savait pas plus pour le moment. « Je peux juste encourager les victimes à dénoncer. Personne ne doit être protégé », a-t-il lancé, sans s'avancer davantage.

La SQ en charge

Plus tôt mardi, c'est la Sûreté du Québec (SQ) qui avait procédé à l’arrestation du député de 58 ans, mardi matin à sa résidence de Rimouski. Des enquêteurs de Québec, de la division des crimes contre la personne, sont en charge du dossier. M. LeBel a été accusé d'agression sexuelle et libéré sous promesse de comparaître le 11 janvier, au palais de justice de Rimouski. Le mandat d'arrestation avait été émis dès le 26 novembre.

Après avoir été employé politique des cabinets péquistes pendant 20 ans, Harold LeBel est devenu député de Rimouski sous la bannière péquiste en 2014, après quelques tentatives infructueuses de se faire élire dans le Bas-Saint-Laurent. Il a été réélu facilement en 2018.

Harold LeBel avait été salué par ses pairs récemment : il vient d’être sacré « le meilleur représentant de sa circonscription » et le député avec « le plus bel esprit sportif » dans le cadre d’un sondage de La Presse réalisé auprès des parlementaires à l’occasion de la fin de la session à l'Assemblée nationale.

Le député péquiste est aussi l’une des vedettes de la série Nos élus, un documentaire diffusé à Télé-Québec depuis cet automne. Il était jusqu'ici le porte-parole du Parti québécois dans plusieurs dossiers – dont l’emploi, la solidarité sociale, les aînés et les proches aidants.

Enfin, il était également le représentant du Parti québécois au Bureau de l’Assemblée nationale, le conseil d’administration du parlement. Sous le gouvernement Marois, mais aussi sous d’autres chefs péquistes, il a été directeur de cabinet du whip – qui est le préfet de discipline du caucus d’un parti politique. Il est le père de deux enfants, des jeunes adultes.

- Avec Philippe Teisceira-Lessard