(Ottawa) Non seulement le chef du Parti conservateur Erin O’Toole plaide pour que la loi 101 s’applique aux entreprises de compétence fédérale, mais il promet aussi d’appuyer le gouvernement Legault « dans ses actions pour défendre le français ».

M. O’Toole a pris cet engagement mercredi soir alors qu’il participait à la Chambre des communes à un débat exploratoire sur la situation de la langue française à Montréal – débat que ses troupes ont proposé et obtenu dans la foulée de la controverse provoquée par les propos de la députée libérale de Saint-Laurent, Emmanuela Lambropoulos, il y a une dizaine de jours, mettant en doute le déclin de la langue française dans la métropole.

Le gouvernement Legault entend déposer un train de mesures au début de la nouvelle année afin de renforcer la loi 101, notamment dans la région de Montréal. Ces mesures pourraient provoquer des frictions entre Québec et Ottawa. Pour le moment, le gouvernement Trudeau refuse net de dire s’il entend appuyer toute initiative de Québec visant à assujettir à la loi 101 les entreprises relevant de la compétence fédérale, telles les banques et les entreprises de télécommunications.

« Protéger l’existence de la seule nation francophone en Amérique du Nord est un projet noble. C’est un projet patriotique », a lancé le chef conservateur durant son discours.

« Il est normal pour les Québécois d’avoir des lois pour protéger le français. Ces lois ne sont pas seulement nécessaires, elles sont désirables », a-t-il aussi affirmé.

M. O’Toole a soutenu que tous les efforts devaient être déployés pour que le français demeure « la langue commune du Québec » et « la langue de travail du Québec ». « C’est la place centrale du français du Québec qui fait du Canada un pays bilingue », a-t-il aussi affirmé.

« Pas de solution magique »

La responsabilité de protéger la langue française incombe non seulement aux élus francophones, mais aussi aux élus anglophones, a-t-il soutenu, tout en invitant le gouvernement Trudeau à déposer avant Noël le projet de loi visant à moderniser la Loi sur les langues officielles – une réforme promise depuis 2015.

Le leader du gouvernement en Chambre, le ministre Pablo Rodriguez, avait auparavant donné le coup d’envoi à ce débat historique à la Chambre des communes.

Arrivé au Québec avec sa famille en qualité de réfugiés alors qu’il n’avait que 12 ans, M. Rodriguez a rappelé que sa langue maternelle était l’espagnol et qu’il avait dû apprendre le français. Il a professé sans amour pour cette langue qui « est belle, mais aussi fragile ». « Dès le départ, je voudrais être très clair. Le français, c’est la langue commune des Québécois. C’est notre langue officielle au Québec. C’est la langue d’un peuple fier et ouvert qui vit et parfois survit au milieu d’une mer anglophone. C’est aussi la langue d’un peuple respectueux qui défend les droits des minorités linguistiques. »

Pour assurer la vitalité de cette langue à Montréal et ailleurs, « il n’y aura pas de solution facile, il n’y aura pas de solution magique », a-t-il aussi lancé.

Responsable des langues officielles au sein du cabinet fédéral, la ministre du Développement économique, Mélanie Joly, a pour sa part de nouveau promis de déposer son projet de loi tant attendu. Cette réforme visera à faire de Montréal « le vaisseau amiral de la francophonie en Amérique », a-t-elle promis, sans toutefois donner plus de détails.

Pour sa part, le Bloc québécois est revenu à la charge en demandant au gouvernement Trudeau d’appuyer son projet de loi visant à faire en sorte que la Charte de la langue française s’applique aussi aux entreprises réglementées par le gouvernement fédéral.