(Ottawa) Des députés conservateurs ont exprimé leur déception, mercredi, face au comportement de leur ancien chef et actuel collègue, Andrew Scheer, qui aurait embauché deux fois des membres de sa famille au sein de son équipe.

Parmi les voix qui se sont prononcées, la députée albertaine Shannon Stubbs dit estimer que les Canadiens devraient s’attendre à ce que les élus évitent de prendre de telles décisions.

Les députés ont saisi l’occasion d’exprimer leurs frustrations à l’occasion de la réunion hebdomadaire du caucus conservateur puisque leur chef Erin O’Toole l’a fait.

Le chef en a aussi profité pour livrer un message clair à son équipe : son parti doit observer des standards élevés et appliquer les règles à la lettre n’est pas suffisant.

La convention exige que les députés n’abordent pas en détail ce qui se dit dans les discussions du caucus. Cependant, de nombreuses sources ont confirmé à La Presse Canadienne, sous couvert de l’anonymat, que le message d’Erin O’Toole était tombé un peu à plat. Les députés ont été pris par surprise en entendant la réaction publique du chef dans l’affaire Andrew Scheer.

Plusieurs députés soutiennent que, comme Andrew Scheer a respecté les règles lorsqu’il a procédé à l’embauche de sa sœur dans le passé, et de sa belle-sœur plus récemment, Erin O’Toole aurait dû être davantage solidaire.

La sœur d’Andrew Scheer a été remerciée lorsqu’une règle interdisant l’embauche de frères et sœurs a été adoptée en 2012. La belle-sœur d’Andrew Scheer, qui travaillait à son bureau de circonscription, a été renvoyée cette semaine.

Ces deux révélations ont été faites par des médias cette semaine et Erin O’Toole avait réagi, mardi, en disant vouloir en discuter avec Andrew Scheer et plus tard avec ses députés.

« Il a respecté les règles et a fait preuve de transparence en tout respect avec les règles, mais je vais faire part de mes attentes, qui vont plus loin », avait répondu M. O’Toole.

Ni Erin O’Toole ni Andrew Scheer n’ont souhaité commenter davantage le dossier mercredi.

Au moment de se présenter à la réunion hebdomadaire du caucus, les députés conservateurs ont soutenu que les règles devaient être élargies pour interdire l’embauche de la belle famille, mais ont également reconnu que les députés devaient faire preuve de plus de jugement.

Le Bureau de régie interne, formé de membres de tous les partis et chargé de veiller aux règles encadrant les députés, doit se pencher jeudi sur qui peut être embauché ou non par les élus.

Cette discussion est également rendue nécessaire par le cas de Yasmin Ratansi. La députée de Don Valley-Est, en Ontario, a quitté le caucus libéral pour siéger comme indépendante après qu’il eut été révélé qu’elle avait engagé sa sœur comme employée de son bureau de circonscription.

Les conservateurs avaient alors interpellé le Bureau de régie interne pour qu’il applique des mesures réparatrices et ordonne à Mme Ratansi de rembourser le salaire versé à sa sœur.

Bien qu’il existe des règles pour éviter que les députés n’embauchent les membres de leur famille, il n’est pas rare que ceux-ci se trouvent du boulot sur la colline parlementaire.

Jusqu’à ce qu’Erin O’Toole devienne chef du Parti conservateur, son épouse Rebecca travaillait pour le député Ron Liepert.

Elle avait auparavant eu une longue carrière dans le secteur privé, notamment en tant qu’adjointe du président de l’équipe de football des Argonauts de Toronto.

Les conservateurs affirment aussi qu’il est injuste de comparer le cas d’Andrew Scheer à celui de Yasmin Ratansi puisque le premier avait partagé sa démarche avec le commissaire à l’éthique.

À titre de président de la chambre, à l’époque du changement des règles interdisant l’embauche des frères et sœurs, Andrew Scheer avait pris part à la décision. Sa sœur avait alors quitté son emploi dans son bureau de circonscription.

Sa belle-sœur, Erica Honoway, travaillait à la comptabilité de son bureau de circonscription depuis 2007 jusqu’à son congédiement cette semaine.