(Québec) L’ex-ministre responsable des Autochtones, Sylvie D’Amours, ne s’engage pas à poursuivre sa carrière politique au-delà de l’échéance de 2022.

La députée de Mirabel, qui a perdu son siège au conseil des ministres la semaine dernière, entend mener à terme son mandat actuel, une session à la fois, tout en laissant la porte ouverte à divers scénarios pour la suite des choses. Elle n’exclut rien, jugeant qu’il est trop tôt pour trancher.

Militante de la Coalition avenir Québec (CAQ) depuis ses débuts, elle s’était engagée au départ à faire deux mandats, ce qui sera fait en 2022, raconte celle qui était candidate défaite en 2012, avant de se faire élire une première fois en 2014 et réélire en 2018.

Depuis, elle a dû gérer une succession de crises, en tant que ministre (la crise ferroviaire, la crise d’Oka, le décès tragique de Joyce Echaquan) et de députée (les inondations de Sainte-Marthe-sur-le-lac en 2019).

« J’ai eu ma dose », raconte-t-elle, lors d’un entretien à La Presse Canadienne, vendredi.

« C’était crise par-dessus crise », dit celle qui se dit fière du travail accompli auprès des Autochtones, malgré sa rétrogradation.

Elle affirme que si sa santé est bonne, « si les électeurs sont au rendez-vous, si le contexte familial le permet », si elle sent qu’elle est toujours la bienvenue dans l’équipe, elle pourrait se porter candidate en 2022, mais « dans deux ans, c’est loin », observe Mme D’Amours, qui a vécu une année difficile sur le plan personnel.

L’ex-ministre, dont l’expertise est plutôt en agriculture (elle possède un vignoble), semble marcher sur des œufs quand on lui demande d’expliquer pourquoi on lui avait retiré le dossier autochtone. Selon elle, le courant passait mal depuis le début avec le chef pour le Québec et le Labrador de l’Assemblée des Premières Nations, Ghislain Picard. Il parlait de revendications territoriales et de droits ancestraux, tandis qu’elle voulait offrir des petits déjeuners aux enfants et venir en aide aux femmes itinérantes, notamment.

Un dialogue de sourds s’est vite installé entre eux, les ponts ont été rapidement coupés, jusqu’à ce que le dénouement devienne inévitable.

Vouloir faire les choses autrement, à sa manière, « ne m’a pas aidée », selon elle.

Elle n’a donc pas été surprise, en apprenant qu’elle n’était plus la femme de la situation et que son collègue Ian Lafrenière prenait la relève. Elle savait que son éviction du dossier et du conseil des ministres « se tramait » depuis quelque temps. « Je m’en attendais », dit-elle, affirmant qu’elle aurait été prête à continuer, malgré un contexte difficile.

Le fait d’être une femme n’est pas non plus étranger à tout ce qui s’est passé, laisse-t-elle entendre.

Elle n’a pas été surprise, non plus, d’apprendre le départ forcé de sa sous-ministre, Marie-Josée Thomas, réputée proche de M. Picard et qui avait une approche des dossiers bien différente de la sienne.

Sereine, Mme D’Amours n’en veut pas au premier ministre François Legault de lui avoir retiré son dossier et de l’avoir en même temps exclue du conseil des ministres, au lieu de lui offrir un autre poste au sein du cabinet. « Il faudrait poser la question à M. Legault », répond-elle, ignorant pourquoi il l’avait rétrogradée au rang de simple députée. Elle n’estime pas pour autant avoir été larguée.

Surtout, l’ex-ministre tient à faire valoir qu’il est faux d’affirmer qu’elle a fait peu de choses durant son règne, alors que plusieurs dossiers étaient sur le point d’aboutir.

« J’ai fait ce que j’ai pu et j’ai fait beaucoup de choses », assure l’ex-ministre, avouant ne pas « être très habile » pour défendre ses dossiers en Chambre. Souvent critiquée pour ses réponses à l’opposition, elle dit qu’elle souhaiterait abolir la période de questions, souhaitant privilégier d’autres forums de discussion.

À propos des suites à donner au rapport de la Commission Viens, déposé en septembre 2019, elle assure que c’est la pandémie qui a retardé tout le processus, compliquant les choses pour les rencontres, car elle tenait à ce que les nations autochtones soient mises dans le coup dans le choix des actions à implanter. Elle se dit fière d’avoir réussi à mettre de côté 200 millions pour donner suite au rapport Viens, « ça ne s’est jamais vu ».

S’il y a un projet qui lui tenait à cœur et qu’elle espère voir réalisé, c’est le projet de loi portant sur les enfants autochtones disparus, souvent des nouveau-nés, qui ont été enlevés, qui sont disparus ou encore qui sont décédés dans des circonstances troubles, entre les années 50 et 80, à la suite de leur admission dans un hôpital québécois, dont celui de Joliette. Aucune explication n’avait à l’époque été fournie aux familles, qui réclament d’avoir accès aux dossiers médicaux et aux archives des communautés religieuses.