(Québec) Le premier ministre François Legault espère « repartir à neuf » dans ses relations avec les Premières Nations. Il nomme l’ex-policier Ian Lafrenière comme ministre responsable des Affaires autochtones pour succéder à Sylvie D’Amours. La sous-ministre Marie-José Thomas est aussi éjectée de son poste.

François Legault a confirmé le remaniement vendredi lors d’une conférence de presse en compagnie du député de Vachon. M. Legault a affirmé vouloir redonner un « nouvel élan » à ses relations avec les communautés autochtones. Il a dit vouloir « rebâtir la confiance » des Premières Nations envers son gouvernement, et même en arriver à établir une « relation fraternelle ».

Le gouvernement Legault est empêtré dans une crise depuis la mort tragique de Joyce Echaquan alors que son bilan – un an après le dépôt du rapport de la commission Viens – est fortement critiqué.

Le premier ministre refuse toujours de parler de racisme systémique au Québec. Le nouveau ministre, Ian Lafrenière, a admis qu’il existe du racisme, de la discrimination et du profilage racial envers les Autochtones, sans pour autant utiliser le mot « systémique ».

« Je reconnais aussi que présentement, le terme de “racisme systémique” ne fait pas l’unanimité. Et honnêtement, tant qu’à mettre beaucoup d’énergie là-dessus, à se convaincre mutuellement que c’est le bon terme, moi, je pense, ce que les gens veulent sur le terrain, c’est des actions », a-t-il indiqué.

« C’est un débat que je n’aime pas », a pour sa part réitéré M. Legault.

Le nouveau ministre ne croit pas que son passé de policier puisse lui nuire alors qu’il tentera d’établir un lien de confiance avec les Premières Nations. « Je vous dirais qu’au contraire, je connais bien cette situation », a-t-il indiqué. « Ce que je veux mettre à profit, c’est ces contacts-là, et ce que je veux faire dès que je vais terminer cette rencontre-là avec vous aujourd’hui, je vais commencer les relations. Je vais contacter chacun des chefs et ce que je veux, c’est une discussion ouverte », a-t-il poursuivi.

Le nom du successeur de Marie-José Thomas n’est pas encore connu. La décision doit être approuvée par le conseil des ministres.

Les heures de la ministre responsable des Affaires autochtones étaient comptées depuis jeudi alors que le premier ministre a refusé de lui réitérer sa confiance lors d’un point de presse. Vendredi, M. Legault a soutenu que Mme D’Amours « s’était démenée » pendant deux ans, qu’elle a travaillé avec « son cœur » et que c’est une « responsabilité exigeante » d’être ministre responsable des Affaires autochtones.

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Sylvie D’Amours

Mme D’Amours est-elle toujours la bonne personne pour occuper les fonctions de ministre responsable des Affaires autochtones ? « Je suis en train de regarder la situation », a lâché M. Legault jeudi.

Chez les Autochtones, le nom de Ian Lafrenière circulait déjà. Le député de la CAQ fait d’ailleurs partie du groupe d’action contre le racisme formé dans la foulée de la mort de Georges Floyd, en juin dernier, et qui doit livrer dès cet automne un plan de match « concret » pour lutter contre le racisme.

L’ex-policier du Service de police la Ville de Montréal est notamment apprécié pour sa sensibilité à la réalité des Autochtones en milieu urbain.

Il a aussi livré un plaidoyer remarqué sur sa page Facebook après la mort de Joyce Echaquan.