(Québec) Le premier ministre François Legault a volé jeudi à la rescousse de sa ministre responsable des Affaires autochtones, Sylvie D’Amours, et assuré donner des suites concrètes au rapport Viens.

Ce rapport déposé il y a un an souligne notamment que les Autochtones au Québec ont peur d’aller se faire soigner dans les centres hospitaliers.

Il recommande de procéder à leur « sécurisation culturelle » via un changement législatif, une recommandation qui « dort » sur le bureau de la ministre depuis un an, estime la députée péquiste de Joliette, Véronique Hivon.

Celle-ci dit vivre durement la mort, lundi, à l’Hôpital de Joliette, de Joyce Echaquan, une mère de sept enfants victime de propos dénigrants et dégradants peu avant son décès.

« Tout est là […] dans le rapport Viens, s’est exclamée jeudi Mme Hivon en point de presse à l’Assemblée nationale. C’est inconcevable ! Ça aurait dû être une priorité d’action. »

Flammèches au Salon bleu

« Est-ce que (la ministre D’Amours) est fière de son bilan ? » a demandé en Chambre le libéral Gregory Kelley, avant que les députés n’adoptent deux motions en appui aux Autochtones.

Les libéraux accusent le gouvernement Legault de rester les bras croisés et réclament la démission de la ministre D’Amours.

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

La ministre responsable des Affaires autochtones, Sylvie D’Amours.

Cela a créé des flammèches au Salon bleu, où Mme D’Amours a déclaré qu’elle en avait fait plus pour les Premières Nations en deux ans que le Parti libéral en 15 ans.

Répondant au fils de l’ancien ministre des Affaires autochtones, Geoffrey Kelley, elle a affirmé d’un ton partisan : « ll faudrait qu’il prenne un petit 5 à 7 avec son père pour vérifier ce que je dis. »

Piqué au vif, Gregory Kelley a répondu que son père était toujours présent sur le terrain, aux côtés des Autochtones, contrairement à la ministre actuelle.

Actions concrètes

Mercredi, François Legault a semblé vouloir calmer le jeu en appelant le conjoint de Mme Echaquan, ainsi que le chef du Conseil des Atikamekw de Manawan, Paul-Émile Ottawa, pour leur offrir ses condoléances.

Il a déclaré en Chambre que son gouvernement est en train d’agir sur :

- le logement social ;
- les services de traduction ;
- la création de postes d’agents de liaison ;
- la formation du personnel des services publics pour lutter contre les préjugés ;
- l’implantation d’activités sécurisantes culturellement pour les détenus ;
- les services de répit ;
- la protection de la jeunesse.

M. Legault a rappelé avoir mis de côté 200 millions dans le dernier budget pour améliorer les services aux Autochtones.

Or, s’est-il désolé, des Nations autochtones refusent toujours de rencontrer la ministre D’Amours, car elles tiennent à discuter directement avec le premier ministre.

« Tout le monde va comprendre que je ne peux pas commencer à entreprendre des ententes moi-même avec 54 communautés », a-t-il déclaré.

« Ce qu’on veut, c’est un partenaire qui vient s’asseoir avec la ministre pour qu’on puisse avancer », a-t-il ajouté, disant lire et relire régulièrement les recommandations du rapport Viens.

Selon la co-porte-parole de Québec solidaire, Manon Massé, les Premières Nations ont raison d’exiger la présence du premier ministre au moment de signer des ententes.

« Quand il est question des Premières Nations, c’est avec le chef de l’État québécois que les deals doivent se faire », a-t-elle déclaré en point de presse.