(Québec) Les candidats à la course à la direction du Parti québécois (PQ) ont joué le tout pour le tout mardi afin d’influencer la réponse à la question que se poseront les militants péquistes au moment de choisir leur nouveau chef. En ce dernier débat de la course, Guy Nantel en a profité pour rappeler qu’il était le mieux connu du public, ce qui est, a-t-il plaidé, un avantage pour reconquérir l’électorat.

« Que ça plaise ou non, la notoriété, c’est quelque chose d’important en politique », a affirmé l’humoriste en conclusion de ce troisième débat, où il était comme toujours accompagné de l’avocat Paul St-Pierre Plamondon, du député Sylvain Gaudreault et de l’enseignant en histoire Frédéric Bastien. Pour Guy Nantel, le défi du prochain chef péquiste sera de reconquérir les Québécois qui ont tourné le dos au PQ. Il a notamment cité un sondage qui le plaçait en meilleure position pour y arriver.

Le député de Jonquière, Sylvain Gaudreault, a pour sa part lancé un vibrant plaidoyer aux jeunes, mardi, les incitant à ne pas se laisser décourager par la politique, alors qu’ils ont connu dans leur vie le scandale des commandites, la corruption en politique et l’austérité, entre autres.

Ce dernier débat, diffusé depuis un studio de Granby, a également été le théâtre de nouvelles flammèches entre MM. Gaudreault et Nantel, alors que l’humoriste soulignait que les redevances minières qu’avait obtenues le gouvernement de Pauline Marois auraient pu être plus élevées. « Guy, j’ai l’impression que tu ne te présentes pas dans le bon parti. Tu attaques le Parti québécois », lui a reproché Sylvain Gaudreault.

Une fin de course sous la COVID-19

La fin de la course à la direction du Parti québécois est forcément touchée par la deuxième vague de COVID-19, officiellement entamée au Québec. Déjà, le parti semble renoncer à l’idée de réunir des membres le 9 octobre lors du dévoilement de son prochain chef et les candidats préparent les prochains jours en multipliant les rencontres virtuelles plutôt que les rassemblements de membres.

Selon les estimations faites par Paul St-Pierre Plamondon mardi, le Parti québécois compterait entre 30 000 et 35 000 membres, ce qui serait de beaucoup inférieur aux effectifs qu’il avait en 2016, au terme de la précédente course où Jean-François Lisée avait été élu chef.

Le PQ déclarait alors avoir 73 000 membres. En janvier dernier, il estimait en avoir toujours 50 000.

Concernant la protection du français, les aspirants chefs ont tour à tour appelé mardi à étendre encore plus la Charte de la langue française, alors que certains proposent de l’appliquer entre autres aux cégeps. Sur la question de l’anglicisation de Montréal, Frédéric Bastien a quitté quelques instants la politique provinciale pour s’en prendre à la mairesse de la métropole.

« Il y a un problème qui s’appelle Valérie Plante », a-t-il dit, lui reprochant de ne pas s’occuper de la protection du français et d’y aller plutôt « d’élucubrations » sur le racisme systémique et le fait que Montréal est sur un territoire autochtone non cédé.

Immigration et laïcité

En matière d’immigration, Sylvain Gaudreault a reproché à ses adversaires lors du débat de proposer de baisser les seuils d’immigrants économiques qui sont admis chaque année sans que leur position soit fondée sur des études.

« Le vrai leadership au XXIe siècle, c’est de prendre des décisions fondées sur la science », a-t-il affirmé, alors qu’il propose de « dépolitiser » l’enjeu en créant un observatoire indépendant qui présenterait au gouvernement différents seuils en fonction des besoins de main-d’œuvre, de régionalisation de l’immigration et d’enjeux démographiques.

« Il faut se garder d’essayer les vieilles recettes qui ne fonctionnent pas », a répliqué Paul St-Pierre Plamondon. En matière de laïcité, Guy Nantel a pour sa part promis mardi de réduire les subventions aux organismes qui contestent la loi 21 en cour s’il est élu chef puis premier ministre.

Le prochain chef péquiste sera élu par les membres et les sympathisants du parti le 9 octobre. D’ici là, Pascal Bérubé assure toujours l’intérim à l’Assemblée nationale.