(Québec) La rencontre du Conseil de la fédération, qui devait rassembler à Québec tous les premiers ministres des provinces les 24 et 25 septembre, a été annulée vendredi, à quelques jours d’avis.

C’est la deuxième fois en trois mois que cette rencontre de haut niveau doit être reportée, en raison de la pandémie. Initialement, elle devait avoir lieu en juin.

L’annonce a été faite vendredi, en conférence de presse, par le premier ministre François Legault.

Présidée par ce dernier, la réunion devait revêtir une importance politique toute particulière pour le Québec.

M. Legault souhaitait qu’elle devienne le fer de lance d’une offensive interprovinciale destinée à faire plier Ottawa sur les paiements de transfert en santé.

Convaincu que la facture des soins de santé est inégalement répartie entre les provinces et le gouvernement fédéral, M. Legault est bien déterminé à amener le premier ministre Justin Trudeau à corriger cette situation à court terme.

Sa stratégie : former une alliance avec l’Ontario, pour que les deux plus importantes provinces du pays parlent d’une même voix, ce qui fut fait en début de semaine, pour ensuite bâtir un front commun de toutes les provinces, à l’occasion de la rencontre du Conseil de la fédération.

Mais le plan prend l’eau apparemment.

Sur tous les tons, M. Legault affirme depuis des semaines que le Québec assume près de 80 % des coûts du système de santé, laissant à Ottawa une bien trop petite portion de la facture.

Les coûts du réseau de la santé, au Québec, augmentent de 5 à 6 % par année, plaçant les finances publiques dans une situation de plus en plus fragile.

Le gouvernement fédéral va transférer près de 42 milliards aux provinces et territoires pour les soins de santé cette année. L’entente actuelle prévoit une augmentation du transfert d’au moins 3 % chaque année.

Le premier ministre Legault revendique que le gouvernement fédéral assume une part beaucoup plus considérable, et accepte de revoir la méthode de calcul, pour offrir aux provinces des sommes récurrentes, prévisibles, sous forme de paiement de transfert, et ce, sans conditions.

Dans le passé, Ottawa a déjà assumé jusqu’à 50 % de la facture de la santé, mais ce n’est plus qu’environ 20 %.

Des milliards de dollars sont en cause.

La rencontre du Conseil de la fédération, qui devait se tenir au Château Frontenac, avait précisément pour but de jeter les bases de ce front commun et de chiffrer les demandes des provinces envoyées à Ottawa.

Questionné à ce propos vendredi, M. Legault a dit que la rencontre serait « idéalement reportée ». Il n’a mentionné aucune nouvelle date.

Il a expliqué que, selon leurs règles sanitaires, s’ils étaient venus à Québec, les premiers ministres des provinces maritimes et des territoires auraient dû se placer en quarantaine à leur retour pendant 14 jours. Ils ont donc préféré s’abstenir.

Quant à eux, les premiers ministres des autres provinces « étaient prêts à venir » à Québec, a-t-il précisé.

« On a donc décidé de l’annuler », a-t-il dit à propos de la rencontre, mais les premiers ministres devraient quand même pouvoir échanger par vidéo. Il n’a cependant pas précisé quand.

Cette semaine, le premier ministre Justin Trudeau a accepté le principe de tenir une rencontre virtuelle avec ses homologues provinciaux pour aborder l’enjeu du financement de la santé.