(Ottawa) Le nouveau chef du Parti conservateur, Erin O’Toole, confiera au seul député québécois qui l’a appuyé durant la course à la direction, Richard Martel, le poste névralgique de lieutenant politique au Québec.

Élu à la faveur d’une élection partielle en juin 2018 dans la circonscription de Chicoutimi–Le Fjord, au Saguenay, M. Martel prendra ainsi la relève du député conservateur de Richmond-Arthabaska, Alain Rayes, qui occupait ces fonctions depuis 2017.

M. O’Toole confirmera cette nomination et d’autres changements au sein de sa garde rapprochée mercredi durant une conférence de presse sur la colline parlementaire, selon des informations obtenues par La Presse mardi soir.

« Richard Martel a été le seul à appuyer Erin O’Toole durant la course. C’est dans l’ordre des choses qu’il obtienne une promotion », a indiqué une source conservatrice qui a requis l’anonymat parce qu’elle n’était pas autorisée à parler publiquement de la décision du nouveau chef.

Cette décision pourrait toutefois secouer la barque conservatrice au Québec. En effet, plusieurs conservateurs influents ont fortement recommandé à M. O’Toole de maintenir Alain Rayes en poste en raison de son aisance à défendre les politiques et les décisions du parti devant les médias et de l’étendue de son réseau à l’échelle de la province.

PHOTO JUSTIN TANG, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Alain Rayes, député conservateur de Richmond-Arthabaska

M. Martel, qui a été entraîneur adjoint, entraîneur-chef et directeur général pendant 21 saisons dans la Ligue de hockey junior majeur du Québec avant de faire le saut en politique fédérale, devra s’atteler rapidement à la tâche de recruter des candidats de marque au Québec et de veiller à ce que l’organisation soit prête alors que des élections pourraient avoir lieu cet automne ou au printemps 2021.

« Il faut donner la chance au coureur », a précisé une autre source conservatrice, tout en exprimant la conviction qu’Alain Rayes saura donner un solide coup de main au nouveau lieutenant politique.

Le premier ministre Justin Trudeau a décidé de mettre la survie de son gouvernement libéral minoritaire en jeu en présentant un discours du Trône le 23 septembre. À l’instar des budgets présentés par le ministre des Finances, un discours du Trône fait l’objet d’un vote de confiance à la Chambre des communes.

Toutefois, M. O’Toole a fait savoir qu’il ne souhaitait pas provoquer la défaite du gouvernement Trudeau à l’automne.

Fini, les subventions salariales

La Presse a également appris que M. O’Toole a formellement demandé aux apparatchiks de son parti de ne plus recourir au programme de subventions salariales mis sur pied par le gouvernement Trudeau pour soutenir les entreprises et les organismes sans but lucratif touchés par la crise de COVID-19.

Selon nos informations, M. O’Toole a donné cette directive dès le premier jour de son entrée en fonction, comme il s’était engagé à le faire durant la course à la direction du Parti conservateur.

En tout, le Parti conservateur a obtenu environ 716 000 $ durant les quatre premiers mois du programme, soit entre la mi-mars et la mi-juillet. Durant la course à la direction, M. O’Toole s’est aussi engagé à rembourser toute somme que son parti a récoltée sur une période de temps.

Comme M. O’Toole l’avait promis lors de la course à la direction du parti, il a demandé dès le premier jour au Parti conservateur du Canada de ne plus accepter la subvention salariale. Le parti est prêt à commencer à rembourser l’argent qu’il a reçu aux côtés des autres partis.

Josée Morissette, porte-parole d’Erin O’Toole, dans un courriel à La Presse

Trois autres partis ont aussi eu recours à ce programme, soit le Parti libéral du Canada, le Nouveau Parti démocratique (NPD) et le Parti vert. Le Bloc québécois a écarté l’idée d’avoir recours à la subvention salariale pour regarnir ses coffres et son chef, Yves-François Blanchet, a mené une rude bataille à la Chambre des communes au printemps pour forcer les libéraux de Justin Trudeau à faire marche arrière.

Durant les quatre premiers mois du programme, le Parti libéral du Canada (PLC) a pu regarnir ses coffres de 850 000 $ tandis que le NPD a pu toucher environ 265 000 $.

« Erin O’Toole estime que la subvention salariale a été conçue pour aider les entreprises à survivre et non pour subventionner les partis politiques. Il estime que tous les partis devraient rembourser la subvention salariale », a affirmé Josée Morissette.

« En même temps, Erin O’Toole a été très clair sur le fait qu’il ne permettrait pas aux libéraux de Justin Trudeau d’utiliser l’argent des contribuables comme un avantage déloyal, d’autant plus qu’ils essaient d’orchestrer des élections anticipées. Erin O’Toole appelle aujourd’hui tous les chefs de parti à accepter de rembourser la subvention salariale », a-t-elle ajouté.

En juillet, le gouvernement Trudeau a décidé de prolonger le programme jusqu’en décembre. Résultat : le PLC pourrait toucher plus de 1,8 million de dollars en tout d’ici la fin du programme.

En vertu du programme, la subvention salariale couvre 75 % du salaire des employés, jusqu’à concurrence de 847 $ par semaine. Au départ, une entreprise devait avoir encaissé une chute d’au moins 30 % de ses revenus pour y avoir droit. Ce critère a été modifié cet été afin de permettre à toute entreprise qui a vu ses revenus chuter à cause de la pandémie d’obtenir un soutien financier.

Au PLC, on a indiqué que le parti a pu maintenir en poste 80 employés à travers le pays grâce à la subvention salariale, soit des traducteurs, des techniciens informatiques et des organisateurs sur le terrain. Au Parti conservateur, on a précisé que la subvention salariale a permis à 60 employés à temps plein et à temps partiel de continuer leur travail.