(Ottawa) Le chef conservateur Andrew Scheer a demandé au ministre des Affaires étrangères, François-Philippe Champagne, d’expliquer comment les deux hypothèques qu’il détient auprès d’une banque chinoise ne compromettent pas sa capacité à traiter avec ce pays.

Ces hypothèques sur deux propriétés en Grande-Bretagne qu’il a achetées avant d’entrer en politique ont été pleinement divulguées lors de l’élection de M. Champagne en 2015 et n’ont aucune incidence sur sa capacité à faire son travail, a répondu le porte-parole du ministre.

En conférence de presse, vendredi avant-midi, M. Scheer disait souhaiter que M. Champagne comparaisse devant le comité spécial de la Chambre des communes sur les relations Canada-Chine, tout en estimant que le premier ministre Justin Trudeau devrait également aller y justifier la nomination de son ministre.

Il a noté que M. Champagne est le plus haut diplomate du Canada et que les dirigeants communistes chinois pourraient utiliser les 1,2 million qu’il doit à la Banque de Chine pour deux propriétés de Londres comme levier en période de relations tendues.

Le porte-parole de M. Champagne, Adam Austen, a déclaré que le ministre avait divulgué les deux hypothèques au commissaire à l’éthique lors de son entrée en politique en 2015 et qu’elles faisaient partie du dossier public.

« Lorsqu’il est entré en politique, les deux prêts hypothécaires de Bank of China (UK) Ltd. ainsi que tous ses autres passifs et actifs ont été entièrement divulgués au commissaire à l’éthique et ont été placés dans le registre en ligne », a affirmé M. Austen vendredi.

« Aucune de ces hypothèques ni aucun de ses autres passifs et actifs n’ont jamais eu d’incidence sur sa fonction de titulaire d’une charge publique. »

Ces hypothèques sont devenues un sujet de controverse à la suite d’un article publié cette semaine dans le Globe and Mail.

Le chef conservateur a souligné qu’en raison d’un différend entre les deux pays, deux Canadiens sont détenus arbitrairement par la Chine depuis décembre 2018. Il a aussi fait valoir que le Canada est tributaire de la Chine pour l’approvisionnement en équipement de protection individuelle contre la COVID-19.

M. Scheer affirme que certaines de ces importations chinoises ont inclus des millions de masques défectueux qui n’ont été d’aucune utilité pour les travailleurs de la santé de première ligne.

« Mais la plus récente divulgation du ministre n’a été faite que le 4 juin, il y a quelques jours à peine, a soutenu M. Scheer en conférence de presse. Le ministre a-t-il donc divulgué les deux hypothèques lors de son élection en 2015 ou non ? »

Le chef conservateur a indiqué que les Canadiens peuvent effectuer des opérations bancaires partout dans le monde, « mais il y a une grande différence entre un Canadien ayant une hypothèque dans une banque chinoise et le plus haut diplomate du Canada qui a une dette envers la (République populaire de Chine). »

Les relations entre le Canada et la Chine sont tendues depuis que la GRC a arrêté la dirigeante de Huawei Meng Wanzhou en vertu d’un mandat d’extradition américain, en décembre 2018.

La Chine a arrêté Michael Kovrig et Michael Spavor neuf jours plus tard dans ce qui est largement considéré comme des représailles et a porté des accusations d’espionnage contre eux.

Le Canada qualifie leur détention d’« arbitraire » et a rassemblé un important soutien international appelant à leur libération, ce qui a mis en colère les dirigeants chinois.

M. Champagne a été nommé à son poste actuel après les élections fédérales de l’automne dernier. Il a auparavant été ministre du Commerce et ministre de l’Infrastructure.

M. Austen a refusé de commenter la caractérisation des propriétés immobilières de M. Champagne par M. Scheer.

Le porte-parole a indiqué qu’avant son entrée en politique en 2015, M. Champagne résidait et travaillait à Londres et a acheté deux appartements en 2009 et 2013, dont il est toujours propriétaire.

« À l’époque, Bank of China (UK) Ltd. faisait partie d’un nombre limité de prêteurs qui accordaient des prêts hypothécaires aux personnes qui vivaient au Royaume-Uni avec des visas de travail temporaires, comme l’était le ministre à l’époque », a-t-il fait valoir.