(Québec) Le Parti québécois (PQ) ne comprend pas comment l’ex-procureure de la commission Charbonneau et ministre de la Justice, Sonia LeBel, peut cautionner le projet de loi 61.

Cette controversée pièce législative — déposée le 3 juin dernier — vise à prolonger l’état d’urgence sanitaire pour une période indéterminée et accélérer des centaines de projets d’infrastructures.

Le président du Conseil du trésor, Christian Dubé, a annoncé mercredi matin qu’il proposera des amendements afin notamment de restreindre l’article 50 et de limiter l’état d’urgence à six mois.

Néanmoins, la porte-parole du PQ en matière de justice, Véronique Hivon, a mis au défi Mme LeBel de se lever en Chambre et de s’expliquer.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, LA PRESSE CANADIENNE

Véronique Hivon

« Comment […] peut-elle défendre ce projet de loi qui bafoue son travail pendant des années au sein de la commission Charbonneau, qui bafoue son héritage, qui bafoue sa mission, qui bafoue les raisons pour lesquelles elle nous a dit qu’elle venait en politique ? »

La ministre de la Justice et Procureure générale du Québec n’était pas en Chambre mercredi.

La veille, le Comité public de suivi des recommandations de la commission Charbonneau avait déclaré que selon lui, le projet de loi 61 « crée des conditions extrêmement favorables à l’émergence de corruption, de collusion et autres malversations ».

Le premier ministre François Legault a répondu que la corruption ne l’inquiétait pas ; il a Mme LeBel et des comptables dans son conseil des ministres. « On a Christian Dubé, comptable agréé, on a quelques comptables agréés dans l’équipe. Moi, honnêtement, là, ça ne m’inquiète pas, la corruption », a-t-il déclaré.

« La légèreté des réponses du premier ministre me laisse souvent dans un état entre la surprise et l’incompréhension, a réagi Vincent Marissal, de Québec solidaire. Le premier ministre s’en sert [de Mme LeBel] comme caution, en disant : "Elle était procureure de la commission Charbonneau, donc tout est correct, tout va bien". Ça, c’est aussi crédible que de dire : "Christian Dubé est comptable". »

Mme LeBel, qui « n’a pas été très présente » jusqu’à maintenant, devrait répondre aux questions des oppositions, a également fait valoir la chef du Parti libéral du Québec, Dominique Anglade. « On aimerait bien entendre ce qu’elle a à dire à ce sujet », a-t-elle affirmé.

« Vendeurs de thermopompes »

Le mécontentement des partis d’opposition n’a cessé d’augmenter depuis quelques jours. Mme Anglade a fait une référence à peine voilée à l’époque Duplessis mercredi, comparant M. Legault à l’ancien premier ministre qui offrait « des frigidaires » aux électeurs.

« Je voyais hier le premier ministre qui parlait à mes collègues de ma formation politique : “Si vous voulez que les projets dans vos comtés aillent vite, allez convaincre vos collègues pour passer le projet [de loi] rapidement”. Je pense que, si on lui avait laissé un peu plus de temps, il leur aurait offert des frigidaires comme le faisait son modèle », a-t-elle asséné lors de la période des questions.

M. Dubé n’y a pas échappé non plus. « Si on veut voir comment une personne peut vendre à une personne vulnérable une thermopompe de mauvaise qualité, on a qu’à écouter les 10 minutes pendant lesquelles le président du Conseil du trésor s’est démené avec le comité de suivi de la commission Charbonneau. C’était pathétique, M. le Président », a pour sa part déclaré le député libéral Gaétan Barrette.