(Ottawa) Andrew Scheer affirme que la suppression d’une partie du financement de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) en raison d’allégations de racisme et de brutalité policière ne va pas augmenter le niveau de sécurité des Canadiens.

Le chef conservateur soutient que la GRC et les autres corps policiers doivent en faire plus pour éliminer le racisme systémique, mais cela ne signifie pas pour autant qu’il faille leur retirer du financement.

Un mouvement aux États-Unis et au Canada suggère un certain « définancement » des corps policiers, pour investir plutôt dans la prévention, notamment dans l’éducation et le logement.

M. Scheer et le premier ministre Justin Trudeau ont été appelés lundi à commenter plusieurs incidents à travers le pays, notamment des allégations de violences policières de la part d’un chef autochtone de l’Alberta et le meurtre par balle d’une Autochtone de 26 ans de la Colombie-Britannique à Edmundston, au Nouveau-Brunswick.

Le ministre de la Sécurité publique, Bill Blair, un ancien chef de la police de Toronto, a affirmé sur Twitter que le gouvernement était « profondément préoccupé » par les allégations faites samedi par Allan Adam, chef des Athabasca Chipewyan. Mais M. Scheer soutient que ce gouvernement est hypocrite, car M. Blair était le chef de la police de Toronto lorsque la pratique controversée du « fichage » était en vigueur dans la métropole canadienne.

Les manifestations

Des milliers de manifestants sont revenus dimanche dans les rues de Montréal pour dénoncer le racisme systémique et la brutalité policière, à l’image d’autres villes au Canada et dans le monde en fin de semaine.

M. Scheer a d’ailleurs dénoncé lundi la présence de M. Trudeau à la manifestation d’Ottawa, vendredi, alors que de nombreux Canadiens sont confinés depuis des mois. Le chef de l’opposition officielle a estimé que le premier ministre avait miné les messages de santé publique de son propre gouvernement. « Je peux comprendre pourquoi les gens sont confus quant aux consignes à suivre », a déclaré M. Scheer.

PHOTO BLAIR GABLE, REUTERS

Justin Trudeau a participé à la manifestation à Ottawa le 5 juin dernier.

Le premier ministre Trudeau a expliqué lundi que sa décision d’assister à la manifestation de vendredi était une affaire d’équilibre entre des arguments concurrents mais importants. Il a indiqué lundi qu’en voyant manifester les citoyens depuis les fenêtres de son bureau au centre-ville d’Ottawa, il avait estimé important d’indiquer clairement qu’il était à l’écoute de leurs préoccupations.

Le premier ministre a déclaré qu’il avait fait de son mieux pour respecter les consignes, notamment en portant un masque et en respectant la distanciation physique, lorsque cela était possible.

Le chef du Bloc a qualifié de « discutable » la pertinence de cette apparition, considérant les risques de tels rassemblements pour la santé publique. « Il y a des cas qui me semblent plus imprudents que d’autres, a-t-il dit. Le premier ministre a la tribune la plus extraordinaire au Canada pour exprimer son indignation. Aller faire des photos dans une manifestation à genoux, est-ce que c’est nécessaire quand tu es premier ministre du Canada ? Bon, c’est une bonne vieille habitude, mais la pertinence est discutable. »

Lorsqu’on lui fait remarquer qu’un premier ministre peut poser un geste symbolique pour frapper l’imagination – comme son silence de 21 secondes sur la gestion de Donald Trump ou son genou à terre vendredi –, M. Blanchet est sceptique. « Ce n’est que des symboles ! Ce premier ministre vit de symboles, se nourrit de symboles, distribue les symboles, partage les symboles. Mais quand vient le temps de mettre en œuvre les recommandations d’un rapport qui devraient lutter contre la discrimination, il est aux abonnés absents », a-t-il dit.