(Koweït ) Les soldats canadiens sont impatients de reprendre le travail pour former les forces de sécurité irakiennes, mais cela ne se produira que si le Canada est certain que leur sécurité sera assurée et que l’Irak les invite à revenir, a déclaré lundi le ministre des Affaires étrangères, François-Philippe Champagne.

M. Champagne était au Koweït avec le premier ministre Justin Trudeau pour une visite surprise afin de saluer les soldats canadiens à la base aérienne Ali Al-salem. Certains d’entre eux ont été déplacés le mois dernier au moment où les tensions s’intensifiaient après une frappe ciblée de drones américains qui a tué un haut général iranien à Bagdad.

Deux jours après l’attaque par drone, le Parlement irakien a adopté une résolution demandant au gouvernement d’expulser toutes les troupes étrangères.

M. Champagne a soutenu que la discussion avec les autorités iraniennes sur le moment où les soldats canadiens pourraient retourner en Irak était une situation « dynamique ».

« Ce que vous entendez des soldats ici, c’est qu’ils sont très désireux de retourner, a-t-il dit. […] Mais évidemment, cela doit être fait dans un environnement sûr et à l’invitation du pays hôte, qui est l’Irak. »

Questionné par les journalistes à propos des discussions avec les Irakiens, le ministre a déclaré : « Le président du Parlement irakien m’a dit qu’il comprenait la situation. Là, il y a un nouveau premier ministre qui a été mis en place récemment, il y aurait des discussions à l’interne entre eux sur ça, mais il comprenait bien la contribution canadienne, comment elle était essentielle pour poursuivre les réformes démocratiques, économiques et institutionnelles qui sont en cours en Irak. »

« Vous avez tous vécu quelques semaines instables dans cette partie du monde », a déclaré le premier ministre Trudeau devant plus de 100 soldats canadiens au « Camp Canada » sur la base, située à environ 40 kilomètres à l’est de la frontière irakienne. « Ce fut un début complexe de 2020. »

M. Trudeau a dit aux militaires canadiens que leurs efforts avaient été essentiels dans la « lutte » pour vaincre les djihadistes en Irak et ailleurs.

Le Canada a deux missions en cours en Irak avec environ 500 soldats, mais a été contraint de les suspendre le 7 janvier, quelques jours après que le général iranien Qasem Soleimani eut été tué dans une frappe de drone menée par les États-Unis.

L’une des missions consiste, par l’entremise de l’OTAN, à former les forces irakiennes à combattre les extrémistes sur leur sol, un déploiement qui est suspendu pour le moment. L’autre mission impliquant les forces spéciales a repris.

Des efforts « essentiels »

« Nous avons été, en tant que pays, essentiels dans les efforts visant à vaincre Daech », a déclaré M. Trudeau à travers le rugissement des réacteurs.

« Essentiels dans les efforts de reconstruction et de stabilisation de l’Irak qui nous permettront d’avancer et non seulement d’avoir une région plus stable et prospère, mais aussi de réduire les effets du terrorisme dans le monde », a poursuivi le premier ministre.

Une partie des troupes canadiennes avaient été déplacées en Irak quelques heures seulement avant que des missiles iraniens ne soient tirés sur deux bases aériennes irakiennes abritant des soldats américains et certains de la coalition, dont des Canadiens, qui n’ont pas été blessés.

« On a rapatrié (au Koweït), je vous dirais, les troupes qui sont non essentielles pour les missions qu’on faisait en Irak, pendant qu’on est en train de déterminer les prochaines étapes de la mission, en consultation avec les forces de l’OTAN, les autres missions et, évidemment, les autorités irakiennes », a affirmé le ministre Champagne.

M. Trudeau a estimé que la perspective et les valeurs canadiennes étaient essentielles pour aider à reconstruire la région. Il a dit croire que le Canada se devait de « faire une différence » au Moyen-Orient.

« C’est exactement ce que vous avez fait, a-t-il affirmé aux militaires. Vous avez choisi de vous impliquer, de servir votre pays, et d’être ici dans des moments extrêmement intenses, mais des moments extrêmement importants, avec une présence canadienne, une approche canadienne, des valeurs et une perspective qui sont essentielles pour cette région, pendant qu’on aide, pendant qu’on développe des partenariats. On démontre notre force, nos capacités, et on partage cette capacité avec nos alliés. »

Le premier ministre a ensuite rencontré le premier ministre koweïtien Sabah Al-Khalid Al-Sabah.

Le voyage au Koweït était prévu dans le cadre de la visite d’une semaine de M. Trudeau en Afrique et en Allemagne, mais il n’avait pas été rendu public à l’avance pour des raisons de sécurité.

M. Trudeau doit se rendre au Sénégal après son passage au Koweït. Vendredi, il assistera à une conférence sur la sécurité à Munich avant de revenir au Canada durant la fin de semaine.