(Sherbrooke) Le Parti québécois promet de s’attaquer à la protection du français dès la reprise des travaux parlementaires, la semaine prochaine à l’Assemblée nationale, en déposant un projet de loi visant « qu’on ne demande pas indûment l’exigence de l’anglais dans des métiers où ce n’est pas requis ».

C’est le chef intérimaire Pascal Bérubé qui a en fait l’annonce vendredi pour marquer la fin du caucus présessionnel de sa formation, qui s’est déroulé pendant deux jours à Sherbrooke.  

« Manifestement, il n’y a rien qui indique qu’il va se passer quelque chose en matière de langue en 2020. Nous, on n’attendra pas. Pourquoi ? Parce que le dossier de la langue, on le connaît, ça fait partie de nos profondes convictions », a soulevé M. Bérubé devant les journalistes.

Le projet de loi du Parti québécois sera essentiellement identique au projet de la 991 présenté à l’époque par l’ancien chef Jean-François Lisée, en 2017.

Il proposait entre autres la modification de la Charte de la langue française afin « de préciser dans quelles circonstances un employeur peut exiger pour l’accès à un emploi ou à un poste une connaissance ou un niveau de connaissance spécifique d’une langue autre que la langue officielle ».

« Par exemple, présentement sur le site d’Emploi-Québec, uniquement dans la ville de Québec, on demande une connaissance de l’anglais pour un poste de préposé à la clientèle d’une boutique de vêtements, d’éducatrice à la petite enfance, d’enseignant au niveau primaire […] de plongeur, cuisinier », a énuméré M. Bérubé.

« Dans le réseau francophone, comme en enseignement, comme en santé. C’est clair qu’on n’a pas besoin d’exiger une connaissance de la langue anglaise, ce qui est discriminatoire pour plein de gens », a-t-il ajouté.

À l’automne dernier, le Parti québécois avait également promis de faire de la langue française son « sujet de prédilection dans ses échanges » à l’Assemblée nationale. Il entend par ailleurs faire progresser au cours des prochains mois deux de ses visées : assujettir les entreprises de moins de 50 employés à la loi 101 et protéger le français comme langue d’accueil des commerces.

« Nos observations tendent à démontrer qu’il y a une anglicisation rapide de l’île Jésus à Laval, sur la Rive-Sud de Montréal, notamment à Brossard et Longueuil, il y a une progression de l’utilisation de l’anglais comme langue d’accueil et ça nous préoccupe. C’est maintenant au-delà de Montréal », a souligné M. Bérubé.  

Course à la direction

La course à la direction du Parti québécois a sans surprise été au cœur des discussions en marge de la réunion du caucus. Sylvain Gaudreault, le seul député sur les rangs, a d’ailleurs profité de son passage à Sherbrooke pour inviter « les gens de l’Estrie » à un 5 à 7, jeudi soir.  

Vendredi, Pascal Bérubé a indiqué que M. Gaudreault conservera ses fonctions parlementaires, notamment l’environnement, mais ne sera plus responsable des dossiers en matière de santé, à sa demande. « Il est député et il ne faut pas le pénaliser parce qu’il est membre de l’Assemblée nationale », a précisé le chef intérimaire, interrogé à savoir si les responsabilités de M. Gaudreault pourront le favoriser pendant la course.

« Sachez que j’ai un souci très réel d’assurer une équité à travers les candidats », a-t-il ajouté.

En plus de Sylvain Gaudreault, deux autres candidats ont confirmé jusqu’à présent qu’ils seront de la ligne de départ, il s’agit de l’avocat Paul St-Pierre-Plamondon et de l’historien Frédéric Bastien.

La réflexion de l’humoriste Guy Nantel alimente également la conversation dans les rangs péquistes. M. Nantel, qui n’accorde pas d’entrevue sur le sujet, participera à l’émission Tout le monde en parle, dimanche. Les règles encadrant la course à la direction seront révélées samedi à Montréal. L’avocat spécialisé en immigration, Stéphane Handfield, songe aussi à se lancer dans la course. Le Parti québécois élira son prochain chef le 19 juin.