(Ottawa) Les conservateurs fédéraux veulent que l’organisme de surveillance de la GRC examine le refus du corps policier d’ouvrir une enquête criminelle pour savoir si le premier ministre Justin Trudeau a enfreint la loi en acceptant des vacances en famille sur l’île privée de l’Aga Khan, dans les Caraïbes.

Dans une lettre envoyée à la Commission civile d’examen et de traitement des plaintes relatives à la GRC cette semaine, le député conservateur Michael Barrett affirme que l’on retrouve dans ce cas certains éléments troublants sur lesquels la Commission est bien placée pour enquêter.

En mai dernier, le député conservateur Peter Kent avait demandé à la commissaire de la GRC, Brenda Lucki, d’ouvrir une enquête, affirmant qu’elle était nécessaire pour rassurer les Canadiens sur l’intégrité du gouvernement.

La lettre de 26 pages de M. Kent notait que des membres de la famille Trudeau avaient visité la retraite privée de l’Aga Khan, philanthrope milliardaire et chef spirituel des musulmans ismaéliens du monde, à trois reprises de 2014 à 2017.

Mme Lucki avait répondu en août que la GRC ne pouvait pas mener une enquête criminelle de manière productive.

En décembre 2017, Mary Dawson, alors commissaire fédérale à l’éthique, avait conclu que M. Trudeau avait enfreint quatre articles de la Loi sur les conflits d’intérêts relativement à un séjour sur l’île à Noël 2016, affirmant que les vacances pouvaient raisonnablement être considérées comme un cadeau conçu pour influencer le premier ministre.

Dans sa lettre, M. Kent cite une disposition du Code criminel qui interdit à un fonctionnaire du gouvernement d’accepter un avantage de quelque nature que ce soit de la part d’une personne ayant des relations avec le gouvernement.

Le rapport de Mme Dawson indiquait que le gouvernement fédéral avait soutenu des projets de la Fondation Aga Khan Canada en contribuant près de 330 millions à des initiatives dans divers pays.

Le gouvernement a également consulté régulièrement des représentants des fondations sur les tendances et priorités de développement actuelles et émergentes, avait-t-elle noté.

À la suite des conclusions de Mme Dawson en 2017, les partis d’opposition avaient soutenu que M. Trudeau devrait rembourser les frais de transport et de sécurité liés au voyage de Noël 2016, en totalité ou en partie.

M. Trudeau avait reconnu à l’époque qu’il aurait dû vérifier auprès du bureau de la commissaire à l’éthique avant d’accepter l’offre de vacances, et a déclaré qu’il s’assurerait dorénavant que toutes ses vacances en famille seraient approuvées par la commissaire.