(Ottawa) Les libéraux de Justin Trudeau auraient tort de penser qu’ils auront la vie facile pendant que les conservateurs se cherchent un nouveau chef, avertit Andrew Scheer.

Lors du caucus présessionnel de son parti, M. Scheer a déclaré qu’il n’était pas question pour les conservateurs de se laisser distraire par la course à la direction qui a lieu pour le remplacer dans quelques mois.

« Pendant ce temps, les libéraux de Trudeau pourraient penser que notre course à la direction va leur donner une balade gratuite. Ils ont tort. Nous allons continuer d’être ici à Ottawa et dans la Chambre des communes et sur le plancher des comités tous les jours, à se battre pour notre vision du pays », a-t-il dit.

Il a ajouté que les conservateurs démontreront pourquoi les Canadiens devraient voter pour un gouvernement conservateur à la prochaine élection.

« Les Parlements minoritaires peuvent prendre fin brusquement et de manière inattendue. Nous ne pouvons pas nous permettre de perdre une seule journée », a-t-il poursuivi lors d’un discours devant ses députés vendredi matin.

Il n’est toutefois pas clair quel sera l’ordre des priorités des conservateurs dès le début de la session.

Avant même qu’il soit déposé, le budget à venir a été critiqué par M. Scheer. Il a prédit que les libéraux tenteront « d’acheter » les votes des néo-démocrates et du Bloc québécois pour l’adopter.

Il s’en est aussi pris à l’intention des libéraux de resserrer le contrôle des armes à feu — une « attaque », à son avis, contre les citoyens qui respectent la loi. Ce segment de son discours n’a pas été répété en français.

M. Scheer a annoncé en décembre dernier qu’il quittait la direction de son parti, alors que des allégations au sujet de l’utilisation des caisses du parti au bénéfice de sa famille faisaient surface.

Il compte rester en poste jusqu’à ce que son successeur soit choisi par les membres, le 27 juin prochain à Toronto.

Le caucus des conservateurs survient au terme d’une semaine pleine de rebondissements dans la course à la direction.

L’ancien premier ministre du Québec Jean Charest, l’ancienne chef conservatrice par intérim Rona Ambrose et l’actuel député Pierre Poilievre — tous considérés comme des têtes d’affiche — ont confirmé qu’ils passeront leur tour.

Vendredi matin, M. Poilievre a admis qu’il s’était laissé emporter par l’excitation d’une course à la direction, mais a commencé à avoir des doutes il y a environ trois semaines. Il a décidé d’annoncer qu’il n’y allait pas au dernier moment, estimant qu’il n’était pas engagé « à 100 % ».

L’ancien ministre Peter MacKay a de son côté confirmé qu’il y allait. Il a publié des vidéos distinctes, dans les deux langues officielles, où il dit qu’il lancera sa campagne ce samedi en Nouvelle-Écosse.

Même si d’autres sont intéressés par le poste, plusieurs spéculent que cette course aura toutes les allures d’un couronnement pour M. MacKay.

Le député de Montmagny—L’Islet—Kamouraska—Rivière-du-Loup, Bernard Généreux, admet qu’il aurait aimé que certains des « gros noms » restent dans la course.

« Mais c’est un choix personnel, je respecte ça. C’est bien évident qu’on se rend compte que la vie politique, c’est pas toujours un chemin tranquille », a fait valoir M. Généreux.

Déjà, deux de ses collègues au Québec ont déclaré qu’ils allaient appuyer la candidature de M. MacKay. Il s’agit de Pierre Paul-Hus (Charlesbourg-Haute-Saint-Charles) et de Luc Berthold (Mégantic-L’Érable).