Le gouvernement Legault confirme de façon limpide que les tarifs d'électricité augmenteront avec le projet de loi qu'il fera adopter sous bâillon samedi.

La réponse du gouvernement à l'enjeu des trop-perçus d'Hydro-Québec, le projet de loi 34, était pourtant censée rembourser aux Québécois 1,5 milliard.

Vendredi, le premier ministre François Legault a plutôt indiqué que la hausse tarifaire, qui était de 0,9% en 2019, allait dès 2021 bondir à 2% ou même plus, dépendamment de l'inflation.

«La proposition est très claire : un gel des tarifs l'année prochaine puis 2% par année par la suite. Je pense que c'est très raisonnable», a-t-il déclaré en Chambre.

«M. le Président, ce que les Québécois souhaitent, c'est de la prévisibilité. C'est bon pour les consommateurs, c'est bon pour les entreprises, de la prévisibilité», a-t-il ajouté.

De toute façon, a plaidé M. Legault, le Québécois moyen a déjà bénéficié d'une remise d'environ 1000 $ depuis l'élection de la Coalition avenir Québec (CAQ).

«On a augmenté les allocations familiales, on a réduit les taxes scolaires, on a réduit les tarifs de garderie, puis je pense que les Québécois sont très contents», a-t-il dit.

Le gouvernement caquiste prend donc le contrôle des tarifs d'électricité, en soustrayant Hydro-Québec à un examen annuel de la part de la Régie de l'énergie.

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Selon l'opposition libérale, le projet de loi 34 n'est pas un «cadeau». Son chef intérimaire, Pierre Arcand, a parlé vendredi d'un «mauvais deal», décochant ainsi une flèche à l'endroit de François Legault qui se targue souvent d'être un «dealmaker».

«Les Québécois ne verront jamais la couleur de leur argent sur le 1,5 milliard de dollars, a renchéri le porte-parole libéral en matière d'énergie, Saul Polo. Il s'agit plutôt d'une façon d'aller piger encore plus dans les poches des Québécois.»

Amendements déposés samedi

Le projet de loi 34 retournerait 500 millions aux clients d'Hydro-Québec, gèlerait les tarifs d'électricité en 2020 pour ensuite les arrimer à l'inflation dès 2021. Il affaiblirait la Régie de l'énergie en lui enlevant des pouvoirs.

Des associations de consommateurs, des grands industriels, des PME, des experts, les trois partis d'opposition ainsi que quatre ex-ministres ont descendu le projet de loi en flammes dans les derniers mois.

PC

Pierre Arcand

Le ministre de l'Énergie, Jonatan Julien, a refusé de changer le coeur du projet de loi, mais a annoncé vendredi qu'il présentera samedi une série d'amendements dont on ignore la teneur.

Ce sera un troisième bâillon en six mois pour le gouvernement de la CAQ. En juin dernier, il avait adopté à toute vapeur le projet de loi 21 sur la laïcité de l'État et le projet de loi 9 en immigration.

PC

Le ministre de l'Énergie, Jonatan Julien.