(Québec) François Legault attribue la baisse de popularité de son gouvernement aux réformes qui « bousculent » les Québécois.

« On s’y attendait, on se demandait quand ça arriverait, j’étais surpris que ça ne soit pas arrivé avant », a d’abord réagi le premier ministre, mercredi, à son arrivée à la période des questions.

« Ce n’est jamais facile de faire des changements, on le voit en immigration, on ne peut pas avoir tous les Québécois qui nous supportent, a-t-il poursuivi. C’est certain que quand on fait des changements, on bouscule. »

La Coalition avenir Québec (CAQ) a perdu six points de pourcentage depuis le printemps, suggère un sondage Léger-Le Journal de Montréal publié mercredi.

Cette baisse semble profiter à la fois au Parti libéral du Québec (PLQ) et au Parti québécois (PQ), qui voient leurs appuis augmenter de six points et de quatre points de pourcentage respectivement.

Pendant ce temps, Québec solidaire (QS) chute de cinq points.

Selon le coup de sonde — qui a été réalisé du 22 au 25 novembre auprès de 1000 Québécois — QS récolterait 10 % des intentions de vote, le PQ, 19 %, le PLQ, 27 % et la CAQ obtiendrait 38 % des appuis. La marge d’erreur est de 3,1 %, et ce, 19 fois sur 20.

« Encore du travail à faire »

Le sondage Léger-Le Journal de Montréal suggère que c’est le dossier des maternelles 4 ans qui plombe actuellement le gouvernement de la CAQ.

« J’avoue qu’on a peut-être encore du travail à faire », a reconnu M. Legault. Il a ajouté cependant ne pas comprendre pourquoi les Québécois s’opposeraient aux maternelles 4 ans.

« D’offrir une option additionnelle aux parents, surtout aux parents d’enfants qui ont des difficultés d’apprentissage, de dire : “Vous allez pouvoir les envoyer à l’école avec des orthophonistes, des orthopédagogues”, je ne comprends vraiment pas comment quelqu’un peut refuser cette possibilité, ce n’est pas obligatoire ! »

L’implantation des classes de maternelle 4 ans est un engagement électoral pour lequel François Legault a personnellement mis son siège en jeu. Plusieurs ont plaidé qu’elle risquait de se faire au détriment des Centres de la petite enfance (CPE).

Toujours en réaction au sondage, M. Legault a dit qu’il continuait de demander à ses députés et ministres de « rester humble, rester à l’écoute » des gens.

« Il faut travailler plus fort, a-t-il affirmé. On n’est jamais à l’abri d’une certaine arrogance, mais il faut dire que quand nos adversaires sont arrogants, c’est difficile de ne pas répliquer, donc il faut respirer. »

L’opposition réagit à son tour

À l’aube d’une élection partielle dans la circonscription de Jean-Talon, à Québec, les libéraux se sont permis, mercredi, de pousser un soupir de soulagement.

Le parti « n’arrête pas de travailler », a assuré le chef intérimaire du PLQ, Pierre Arcand, qui n’a pas manqué de souligner ce qu’il perçoit comme étant des « fissures dans l’armure de la CAQ ».

« Ce n’est pas normal que l’on présente des projets de loi actuellement avec autant de gens qui sont contre. En général, même les projets de loi les plus controversés, très souvent, vous avez quand même une base solide en appui », a-t-il affirmé en mêlée de presse.

La co-porte-parole de QS, Manon Massé, a pour sa part réagi en disant que le sondage ne reflète pas ce qui se passe réellement « sur le terrain ».

« Pas plus tard qu’hier soir encore, j’étais sur le terrain. Ce que je voyais, c’était des dizaines de militants au téléphone, dans la rue, au débat des candidats dans Jean-Talon. Moi, je pense que ça aussi ça raisonne. »

Le chef intérimaire du PQ, Pascal Bérubé, a brièvement commenté la dégringolade de QS : « Je ne sais pas, peut-être qu’ils filent un mauvais coton », a-t-il dit, le sourire aux lèvres, en faisait référence au fameux coton ouaté porté en Chambre par la députée Catherine Dorion.