(Québec) Au sein du caucus de la Coalition avenir Québec, les postes les plus prestigieux et les mieux payés échappent aux femmes plus souvent qu’à leur tour.

L’équipe compte 75 députés. Au total, 42 hommes et 23 femmes ont le privilège de pouvoir compter sur une allocation supplémentaire à leur salaire de base, grâce aux fonctions qu’ils occupent.

Ils sont donc 65 élus de la CAQ à avoir droit au petit ou gros supplément de revenu permettant d’arrondir les fins de mois. Un peu plus du tiers, 35%, sont des femmes.

L’importance de cet à-côté financier varie beaucoup selon la place occupée sur l’échiquier, car l’échelle de rémunération des députés compte six paliers.

DAVID BOILY, LA PRESSE

Depuis l’élection du gouvernement Legault, un seul membre du caucus a vu son revenu chuter : la députée de Châteauguay, MarieChantal Chassé.

Or, il appert que dans toutes les catégories de rémunération bonifiée, les hommes sont majoritaires, et souvent largement.

C’est ce qu’a pu constater La Presse canadienne, à l’aide d’une compilation du revenu des députés caquistes, basée selon les sexes et couplée aux responsabilités qu’ils exercent.

La taille du portefeuille demeure un bon indicateur pour mesurer les progrès de l’égalité pour les femmes. En cette ère où les chefs politiques aiment bien s’approprier le discours sur l’équité salariale et la parité hommes-femmes, les faits montrent que les députés en veston-cravate ont encore préséance au moment de rafler les nominations payantes.

En 2019, les femmes comptent pour 44% des élus caquistes dont le revenu annuel atteint 167 482 $, 33% de ceux ayant un revenu de 129 200 $, 25% des députés gagnant 119 630 $ et 30% de ceux encaissant un salaire de 114 845 $.

Tous les postes parlementaires prestigieux et bien rémunérés (président de l’Assemblée nationale, président du caucus, whip en chef du gouvernement, leader parlementaire) ont été réservés aux députés masculins.

Plus humblement, on a attribué à leurs collègues portant la robe un rôle de second violon : adjointes au whip ou adjointe au président, avec une rémunération à l’avenant.

La seule catégorie de poste et de revenu où les femmes sont majoritaires est celle des élus figurant au bas de l’échelle de rémunération, qui regroupe les députés restés sur le carreau, sans responsabilité particulière, devant se contenter du salaire de base.

De l’ensemble de l’équipe caquiste, 20% du caucus féminin ne s’est fait offrir aucune responsabilité lui assurant un revenu bonifié, alors que c’est le cas pour seulement 8 % du caucus masculin.

Cette année, les députés de l’Assemblée nationale reçoivent tous une rémunération de base de 95 704 $. Pour avoir droit à une indemnité pouvant gonfler le revenu de 20 à 75%, les députés doivent compter sur une nomination.

Ils n’ont alors d’autre choix que de s’abandonner au pouvoir arbitraire du premier ministre, de qui relèvent ces précieuses nominations, qui peuvent faire toute la différence dans le porte-monnaie.

Les plus chanceux sont conviés à faire partie du conseil des ministres, comme c’est le cas pour 14 hommes et 12 femmes élus en octobre dernier. Dans les faits, autour de la table du conseil des ministres prennent place 29 personnes, en incluant le whip en chef et le président du caucus, qui assistent aux réunions du cabinet sans en faire partie intégrante, et bien sûr le premier ministre. Les femmes comptent donc pour 41% du total.

Les autres espèrent se rabattre sur une nomination parlementaire, souvent perçue comme un prix de consolation pour ne pas avoir été appelé à siéger au cabinet.

De 0 à 105%

Au sommet de la pyramide salariale trône le premier ministre, le seul à avoir droit à l’allocation maximale de 105 % du salaire de base, qui fait grimper sa rémunération annuelle à près de 200 000 $.

PC

Le président de l’Assemblée nationale, François Paradis.

Dans la hiérarchie, suivent les postes de ministres et de président de l’Assemblée nationale offerts à des députés qui voient leur rémunération de base gonfler de 75%, passant à 167 482 $. Cette catégorie salariale vise 15 hommes et 12 femmes.

Les élus qui bénéficient d’une rémunération bonifiée de 35% (soit 129 200 $) sont le whip en chef du gouvernement et les vice-présidents de l’Assemblée nationale : deux hommes et une femme.

Dans la catégorie de ceux dont le salaire augmente de 25%, qu’ils soient président de commission ou adjoint au leader parlementaire, on trouve proportionnellement trois fois plus d’élus masculins, soit six hommes et deux femmes, qui gagnent 119 630 $.

Plus du double d’élus masculins que féminins (18 hommes et 8 femmes) voient leur rémunération bondir de 20%, à 114 845 $. La catégorie regroupe les adjoints parlementaires, les vice-présidents de commission et les whips adjoints.

Adjoints : quatre hommes pour une femme

Le poste d’adjoint parlementaire, une fonction qui permet à un élu de faire ses classes en secondant un ministre, est souvent la porte d’entrée au cabinet à l’occasion d’un remaniement. On compte quatre fois plus d’hommes que de femmes dans cette catégorie, soit 16 députés masculins, contre seulement quatre de sexe féminin.

Pour l’appuyer dans sa tâche, le premier ministre François Legault s’est entouré de trois adjoints parlementaires, trois messieurs.

Au bas de l’échelle salariale, avec un revenu annuel de 95 704 $, on trouve 10 députés caquistes, majoritairement des femmes (6 femmes et 4 hommes), pour lesquels on n’a prévu aucun rôle particulier à jouer.

Depuis l’élection du gouvernement Legault, un seul membre du caucus a vu son revenu chuter : la députée de Châteauguay, MarieChantal Chassé, rétrogradée de ministre de l’Environnement réclamant 167 482 $ à simple présidente de commission au salaire de 119 630 $. Ce désaveu a entraîné pour elle une perte sèche non négligeable de 47 852 $ annuellement.

Plus chanceux, son collègue Benoît Charrette a fait le parcours inverse, passant de président de commission à ministre de l’Environnement, son revenu grimpant du coup de 119 630 $ à 167 482 $.