(Saskatoon) Décidément, vendre de l’hydroélectricité québécoise à l’Ontario n’est pas chose simple.

Le premier ministre François Legault l’a appris à ses dépens mercredi à Saskatoon, en essuyant une autre rebuffade de la part de son homologue Doug Ford — la deuxième depuis novembre.

M. Legault avait pourtant claironné devant des militants caquistes en mai dernier avoir « un"deal", comme disait le Parrain, que les Ontariens ne vont pas pouvoir refuser ».

Le Québec souhaite que l’Ontario achète de l’électricité au lieu de rénover à des coûts faramineux ses centrales nucléaires. À tout de moins, il veut alimenter le voisin ontarien pendant qu’il rénovera ses centrales.

Il s’agit d’un enjeu délicat pour l’Ontario, puisque l’industrie nucléaire y emploie pas moins de 18 000 personnes.

Tandis que les deux hommes étaient en rencontre bilatérale à l’hôtel Bessborough de Saskatoon, à l’occasion du Conseil de la fédération, l’attachée de presse de M. Ford a rappelé qu’actuellement, l’Ontario est aussi en situation de surplus d’électricité.

« C’est un "non" assez ferme à ce stade-ci, a indiqué Ivana Yelich aux journalistes. Rien n’a changé. »

Elle a eu la même réponse après la rencontre, même si un communiqué conjoint Québec-Ontario soulignait que « nous continuons […] nos discussions en lien avec nos engagements d’assurer un accès à de l’électricité plus abordable et plus fiable pour nos familles et nos entreprises. Les ministres des deux provinces travaillent déjà activement en ce sens ».

« Il peut toujours continuer à le demander, mais ce n’est pas quelque chose qui nous intéresse », a déclaré Mme Yelich.

En novembre, lors d’une visite à Toronto, le premier ministre Legault avait proposé d’approvisionner l’Ontario en hydroélectricité et d’inclure des travailleurs ontariens dans l’éventuelle construction de nouveaux barrages au Québec.

Il avait toutefois par la suite essuyé un refus formel. Il s’agit donc d’un deuxième refus en huit mois.

Le 26 mai dernier, au caucus de la Coalition avenir Québec (CAQ) sur l’environnement, M. Legault avait promis devant ses militants de conclure un « deal » avec l’Ontario pour l’approvisionner en hydroélectricité québécoise, et faire du Québec « la batterie verte de l’Amérique du Nord ».

« J’ai un deal, comme disait le Parrain, que les Ontariens ne vont pas pouvoir refuser : de l’énergie moins chère et de l’énergie propre », avait-il déclaré sous les applaudissements.

Il a dû reconnaître mercredi que « pour l’instant, c’est un non ».

Pour sa part, Doug Ford a refusé de répondre à des questions portant sur l’achat d’hydroélectricité québécoise, mais a chanté les louanges du premier ministre du Québec.

« Je m’entends phénoménalement bien avec le premier ministre Legault, a-t-il déclaré. Nous avons passé une très très belle soirée hier (mardi) et je souhaite bâtir une relation solide avec le Québec. »

Les 13 premiers ministres du Canada ont discuté de commerce, de climat et d’immigration, mercredi, à l’occasion de la rencontre annuelle du Conseil de la fédération à Saskatoon.

Le premier ministre de la Saskatchewan, Scott Moe, est l’hôte de la rencontre et selon lui, l’une des priorités est d’abolir les barrières commerciales entre les provinces.

La réunion, qui se tient à quelques mois des élections fédérales du mois d’octobre, a lieu alors que plusieurs premiers ministres conservateurs critiquent les politiques énergétiques du gouvernement Trudeau à Ottawa. Quatre provinces contestent d’ailleurs la tarification du carbone du gouvernement fédéral devant les tribunaux.

La plupart des premiers ministres sont arrivés en Saskatchewan mardi pour rencontrer des dirigeants autochtones dans la Première Nation Big River, au nord de Saskatoon.

Le chef national de l’Assemblée des Premières Nations, Perry Bellegarde, dit avoir discuté avec les premiers ministres de la réforme des systèmes de protection de l’enfance pour les jeunes Autochtones.