(Ottawa) Les députés fédéraux pourraient être contraints d’interrompre leurs vacances pour aller s’enfermer pendant quelques jours à la Chambre des communes: le gouvernement n’écarte pas la possibilité de les convoquer en plein coeur de l'été pour ratifier l’Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM).

«Si nous devons rappeler la Chambre pour faire progresser le projet de loi, nous le ferons», signale à La Presse un porte-parole du bureau de la leader du gouvernement à la Chambre des communes, Bardish Chagger, à une semaine et demie de la fin prévue des travaux de cette 42e législature.

Depuis la levée des tarifs douaniers sur l’acier et l’aluminium, qui a ouvert la voie à une ratification du pacte de libre-échange, le gouvernement libéral travaille à coordonner son action législative avec celle de ses partenaires, ayant plus particulièrement à l’oeil la situation du côté de Washington.

Il y a deux semaines, Justin Trudeau a déposé le projet de loi visant la mise en oeuvre du traité commercial, le C-100. La ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, a lancé le débat en deuxième lecture mardi; il y a donc encore bien loin de la coupe aux lèvres.

Mais si le gouvernement libéral rappelle le Parlement, les conservateurs répondront présents, confirme à La Presse la chef adjointe Lisa Raitt: «Nous sommes prêts à revenir si le président [de la Chambre] le demande, pour étudier l’entente, que nous approuvons».

Au Nouveau Parti démocratique (NPD), on reviendrait aussi à Ottawa, mais à contrecoeur, car cela signifierait que le Canada ferait «passer à toute vapeur» cette entente alors qu’«on n’a pas entendu un seul témoin» en comité, regrette en entrevue le député Peter Julian.

«Nous, on n’est pas opposé à siéger 365 jours par année pour défendre les intérêts des Québécois, offre pour sa part le bloquiste Luc Thériault. Mais je ne vois pas pourquoi on s’empresserait d’entériner un accord qui ne prévoit aucune compensation pour les producteurs sous gestion de l’offre».

Lorsqu’il a effectué sa visite à Ottawa pour discuter de l’ACEUM, le 30 mai dernier, le vice-président des États-Unis, Mike Pence, a assuré que l’administration Trump ferait tout en son pouvoir pour que l’accord soit ratifié avant la fin de l’été. Le traité rencontre cependant une résistance dans le camp démocrate au Congrès.

La ministre Freeland se trouvait d’ailleurs mercredi –  encore – dans la capitale fédérale américaine, où elle a eu des entretiens avec son homologue Mike Pompeo, le représentant américain au Commerce Robert Lighthizer ainsi que des membres du Congrès.

- Avec la collaboration de Joël-Denis Bellavance