Si le gouvernement libéral rejette environ 90% des amendements que les sénateurs conservateurs ont apporté au projet de loi C-69 sur la réforme des évaluations environnementales, c'est pour éviter de replonger dans un climat de «tension sociale».

C'est ce qu'a argué la ministre de l'Environnement, Catherine McKenna, en faisant le point sur la réponse gouvernementale aux 187 propositions de modifications formulées par la chambre haute, mercredi midi.

«Nous n'accepterons pas les amendements qui affaiblissent les règles», a-t-elle tranché en conférence de presse, accusant les «politiciens conservateurs» d'avoir comme seul objectif l'«approbation de pipelines».

«Ils veulent que nous copiions les recommandations des lobbyistes du secteur pétrolier: exclure les Canadiens des évaluations d'impact, augmenter l'ingérence politique dans la prise de décision», a-t-elle poursuivi dans cette charge à fond de train contre ses rivaux.

«Les changements des conservateurs nous ramèneraient en arrière, augmenteraient la polarisation et rendrait plus difficile la construction de bons projets. C'est une recette pour la tension sociale et les dommages environnementaux», a pesté Mme McKenna.

Le débat sur la réponse à ces modifications proposées par la chambre haute à ce projet de loi honni par des premiers ministres conservateurs comme l'Albertain Jason Kenney et le Saskatchewanais Scott Moe s'entame mercredi après-midi aux Communes.

Il n'est pas exclu qu'une motion d'attribution de temps soit déposée afin de s'assurer que le projet de loi C-69 retourne rapidement au Sénat, où l'on devra se pencher sur la réponse du gouvernement Trudeau.

La ministre McKenna a laissé entendre que l'offre libérale était finale. «Nous pensons que nous avons fait notre devoir. Nous croyons que le Sénat devrait accepter ces amendements et qu'il faut aller de l'avant pour adopter ce projet de loi», a-t-elle indiqué.

Le sénateur conservateur Claude Carignan, qui siège au comité ayant étudié le projet de loi et sillonné le pays pour mener des consultations, ne croit pas qu'une partie de ping-pong législatif entre les deux chambres se profile à l'horizon.

«Je ne pense pas, parce que selon moi, les sénateurs dits indépendants vont se rallier à la volonté du gouvernement - ils ont quand même été nommés par Justin Trudeau, et ils ont été formés à respecter la mentalité du gouvernement», a-t-il soutenu.

Le gouvernement du Québec s'opposait aussi au projet de loi C-69, notamment sous prétexte que la mesure législative empiète sur certains de ses champs de compétence et risque de mener à des dédoublements d'évaluations de projets énergétiques.

Le premier ministre François Legault n'est cependant pas l'un des signataires de la lettre envoyée au premier ministre Justin Trudeau par six de ses homologues provinciaux et territoriaux, qui accusent le fédéral de nuire à l'unité nationale avec C-69.