(Québec) « La complexité des calculs explique les délais » dans la réalisation de la promesse électorale visant à réduire l’écart entre l’aide versée aux parents d’enfants handicapés et aux familles d’accueil, soutient le ministre délégué à la Santé, Lionel Carmant.

Une famille d’accueil recevrait en moyenne 70 % de plus pour s’occuper d’un enfant handicapé. On parle de 44 254 $ pour elle, contre 25 632 $ pour une famille naturelle, selon une étude récente commandée par l’organisme Parents pour toujours auprès de Raymond Chabot Grant Thornton. François Legault s’est engagé en campagne électorale à « rétablir l’équilibre » entre les deux types d’aide.

Or, Parents pour toujours a dénoncé que le gouvernement n’est pas prêt à mettre une offre sur la table à la mi-juin, contrairement à ce qu’il lui avait dit. Le ministère des Finances est toujours à calculer l’écart, une opération « complexe » selon M. Carmant. « Dès qu’on aura les chiffres, on pourra travailler à combler cet écart », a-t-il affirmé en conférence de presse mardi. Il les attend au cours de l’été.

Pour l’organisme L’Étoile de Pacho, il s’agit d’une « déception ». « L’équité financière, c’est une autre bataille qui est énorme. Il y a une injustice qui est très grande », a soutenu sa fondatrice et directrice générale, Nathalie Richard.

« J’ai 14 000 $ pour m’occuper des soins complexes de mon fils à la maison. Si je l’envoie en famille d’accueil, c’est environ 55 000 $ par année que la famille d’accueil a. Bien sûr, on ne demande pas le même montant, ça ne ferait pas de sens, mais un montant beaucoup plus élevé que 14 000 $. Parce qu’avec 14 000 $, ça ne couvre même pas la moitié des frais pour subvenir aux besoins de mon fils. »

Mme Richard a indiqué que le gouvernement envisage de combler l’écart en augmentant les services dispensés en CLSC, selon un scénario à l’étude. « Oui, il y a un besoin de réinvestissement dans les CLSC, parce qu’il y a eu des coupures monstres et que les besoins sont énormes pour toute personne, pas juste les personnes handicapées. Mais je ne crois pas que c’est en augmentant les services aux CLSC que l’on va réduire la perte financière des parents », a-t-elle dit.

Elle a par ailleurs salué la refonte du Supplément pour enfant handicapé nécessitant des soins exceptionnels (SEHNSE) annoncée par Mathieu Lacombe mardi. Québec injecte 30 millions de plus, une aide supérieure aux 22 millions promis en campagne électorale, comme La Presse le révélait mardi.

Ce supplément a été créé en 2016 à la suite des pressions exercées par l’organisme Parents jusqu’au bout, dont la cofondatrice Marilyne Picard est aujourd’hui députée de la CAQ. Il offre une aide de 978 $ par mois.

Environ 2000 enfants bénéficient de ce programme à l’heure actuelle. Mais dès 2017, des familles ont déploré que leurs enfants ont été déclarés inadmissibles parce que leurs limitations n’avaient pas été jugées assez importantes. Plus de 2000 demandes ont ainsi été refusées. Mathieu Lacombe vient modifier ce programme « tout croche ».

Il ajoute ainsi un second palier, donnant droit à 652 $ par mois, qui permettra de soutenir entre 3000 et 4000 familles de plus. Les demandes qui avaient été rejetées feront automatiquement l’objet d’une nouvelle analyse. L’aide sera rétroactive au 1er avril.

Pour Nathalie Richard, « si on veut régler l’équité financière, c’est plus de 652 $ par mois. Mais c’est quand même beaucoup déjà, c’est quand même un grand pas. » Elle aurait souhaité la création d’un nouveau programme offrant une aide à toutes les familles, modulée en fonction de la sévérité du handicap de l’enfant. Il y a 40 000 enfants handicapés au Québec.

De son côté, Marguerite Blais a annoncé l’ajout de 7,8 millions à un programme de soutien aux familles des personnes présentant une déficience. La somme servira à bonifier de 100 $ l’aide offerte et permettra de vider la liste de 3700 personnes en attente de ce soutien à l’heure actuelle.