Le gouvernement canadien devrait être plus strict lorsque surgissent des soupçons d'espionnage de la part de puissances étrangères contre la Chine, a déclaré le Parti conservateur aujourd'hui, dans la foulée des révélations de La Presse sur un ex-professeur de McGill accusé d'avoir participé secrètement au développement d'armements chinois.

« À un moment donné, le gouvernement a besoin d'être plus strict et de prendre des décisions fermes », a martelé hier le député conservateur Pierre Paul-Hus, critique de son parti en matière de sécurité publique.

Le député de Charlesbourg-Haute-Saint-Charles réagissait à une enquête de La Presse sur un ex-chercheur qui a reçu des centaines de milliers de dollars de financement fédéral pendant la période où, selon le FBI, il aurait dirigé secrètement un programme de développement de puces électroniques à usage militaire en Chine. Les enquêteurs américains ont notamment saisi des courriels dans cette affaire évoquant un plan quinquennal de développement de missiles.

Le professeur Ishiang Shih, un résidant de Brossard, a même soumissionné sur un appel de proposition afin de développer des puces pour l'Agence spatiale canadienne en 2015, sans que quiconque sonne l'alarme sur ses liens allégués avec l'armée chinoise.

Une extradition qui se fait attendre

Les États-Unis ont demandé l'extradition du chercheur canadien en octobre dernier, mais ils attendent toujours une réponse du Canada.

« Ce qui me dérange, ce que c'est le FBI qui avertit le gouvernement ici, mais ici on n'a rien. C'est un Canadien, pourquoi il n'est pas interrogé par la GRC ? Ça prend le FBI pour nous dire ce qui se passe chez nous ? », s'interroge M. Paul-Hus.

Le député, qui a une formation d'officier militaire et a servi 22 ans dans les forces armées canadiennes, souligne à quel point les avancées technologiques doivent être mieux protégées face aux puissances étrangères.  

« Avant tout était mécanique, maintenant tout est informatisé. Dans le développement militaire actuellement, comme pour les F-35 et les autres avions dits de cinquième génération, les sous-marins, les satellites, tout est interconnecté. Si une puce ou un autre morceau de technologie tombe entre les mains d'adversaire, c'est dangereux », dit-il.

Il en profite d'ailleurs pour réitérer son inquiétude quant à la présence du géant chinois Huawei dans le secteur des télécommunications au Canada. « Est-ce qu'on devrait bannir ou non Huawei du Canada ? Je sais qu'il aurait un impact sur les entreprises qui font déjà affaire avec eux, comme BCE ou Telus, mais c'est la sécurité du Canada qui prime. Et là, d'avoir un individu qui transmet des informations, ça fait juste rajouter à notre inquiétude par rapport à la sécurité nationale », dit-il.

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Ishiang Shih