(Ottawa) Les conservateurs veulent que la Gendarmerie royale du Canada (GRC) enquête pour savoir si le premier ministre Justin Trudeau a enfreint la loi en acceptant d’aller passer ses vacances sur l’île privée de l’Aga Khan.

Dans une lettre adressée à la commissaire de la GRC, Brenda Lucki, le député conservateur Peter Kent affirme qu’une enquête approfondie devrait être effectuée pour s’assurer que les Canadiens aient confiance en l’intégrité du gouvernement.

La lettre de 26 pages du député Kent souligne que les membres de la famille de Justin Trudeau ont visité l’île privée du philanthrope milliardaire à trois occasions, entre 2014 et 2017.

En décembre 2017, l’ancienne commissaire à l’éthique Mary Dawson avait conclu que M. Trudeau avait contrevenu à quatre dispositions de la Loi sur les conflits d’intérêts lorsqu’il avait choisi en 2016 de rester sur l’île, affirmant que ces vacances pourraient être considérées comme un cadeau visant à influencer le premier ministre.

Dans sa lettre, M. Kent fait référence à une section du Code criminel qui interdit à un représentant du gouvernement d’accepter un bénéfice de quelque nature que ce soit de la part d’une personne ayant des relations avec le gouvernement.

Le rapport de Mme Dawson indiquait que le gouvernement fédéral avait appuyé des projets de la Fondation Aga Khan Canada, notamment en versant près de 330 millions pour ses initiatives dans divers pays. Le gouvernement a aussi consulté régulièrement des représentants de la fondation sur les tendances et priorités de développement actuelles et émergentes, avait-elle ajouté.

À la suite du dépôt du rapport de la commissaire en 2017, les partis d’oppositions ont demandé que M. Trudeau rembourse au moins une partie des coûts liés au transport et aux mesures de sécurité déployés lors de ce voyage.

À l’époque, le premier ministre avait reconnu qu’il aurait dû vérifier avec le bureau du commissaire à l’éthique avant d’accepter le voyage, et s’est engagé à le consulter pour toutes ses prochaines vacances.

« J’ai toujours considéré l’Aga Khan comme un ami proche de la famille, c’est pourquoi je n’ai pas vérifié pour ce voyage au départ, mais en raison du rapport de la commissaire, je vais prendre toutes les précautions à l’avenir. »

La Cour fédérale s’en mêle

En septembre 2017, la commissaire au lobbying de l’époque Karen Shepherd avait statué que rien ne justifiait une plainte selon laquelle l’Aga Khan aurait enfreint le code des lobbyistes en permettant à M. Trudeau et à sa famille de rester sur l’île.

Cependant, un juge de la Cour fédérale a récemment ordonné à la successeure de Mme Shepherd, Nancy Bélanger, de réexaminer l’affaire.

La cour a déclaré qu’en tant que membre du conseil d’administration de la fondation, le chef spirituel des musulmans ismaéliens du monde était directement et juridiquement lié à l’organisation qui porte son nom, ajoutant qu’il agissait en tant que son représentant en faisant un cadeau au premier ministre.

Le gouvernement fédéral conteste le jugement devant la Cour d’appel fédérale.