(Ottawa) Le Comité permanent sur l’éthique et les conflits d’intérêts des sénateurs recommande que la sénatrice Lynn Beyak soit suspendue sans salaire pendant la session actuelle du Parlement, en raison de lettres sur les Autochtones qu’elle a publiées sur son site internet.

Le comité suggère également que Mme Beyak participe, à ses frais, à des programmes éducatifs portant sur le racisme à l’égard des peuples autochtones au Canada.

Le rapport du comité invite aussi l’administration du Sénat à retirer immédiatement les cinq lettres du site internet de la sénatrice si elle ne le fait pas elle-même. Il réclame également des excuses de la part de Mme Beyak.

Le comité sénatorial devait recommander des mesures appropriées ou des sanctions à prendre contre Mme Beyak à la suite d’un rapport du conseiller sénatorial en éthique.

Pierre Legault avait conclu que la sénatrice avait enfreint deux sections du code de conduite des sénateurs en partageant sur son site du Sénat des lettres racistes.

Mme Beyak avait publié ces lettres afin de promouvoir le « côté positif » des pensionnats pour Autochtones. Les écoles religieuses parrainées par le gouvernement fédéral, qui ont existé du 19e siècle jusqu’en 1996, visaient à assimiler les enfants autochtones à la culture canadienne d’origine européenne. Ce faisant, ils ont privé les enfants de leurs liens avec leur communauté et leur famille. Plusieurs ont été soumis à des sévices psychologiques et sexuels, et plusieurs milliers y sont morts.

M. Legault avait reconnu que la sénatrice avait le droit de lancer un débat historique. Mais il avait souligné que Mme Beyak avait publié sur son site cinq lettres truffées « de stéréotypes, de suppositions et de préjugés négatifs » à l’égard des Autochtones.

Il avait demandé à la sénatrice de retirer ces lettres et de s’excuser.

C’est à ce moment que le comité du Sénat s’est penché sur le cas de Mme Beyak.

Une suspension « appropriée »

Dans son rapport, le comité juge qu’une suspension serait appropriée puisqu’elle permettrait à Mme Beyak « d’avoir plus de recul sur le privilège de siéger à la chambre haute du Canada et sur les obligations des sénateurs dans l’exercice de leurs fonctions ».

Et le fait de priver la sénatrice de ces ressources « peut favoriser une meilleure compréhension de ces ressources et des attentes qui en découlent quant à leur utilisation appropriée », ajoute-t-on.

La Presse canadienne n’avait pu joindre la sénatrice Beyak au moment d’écrire ces lignes. Elle avait été nommée par les conservateurs, mais le parti l’a exclue de son caucus il y a plus d’un an relativement à ces lettres.

La sénatrice conservatrice Raynell Andreychuk, qui préside le comité, dit que ses membres ont été troublés par le fait que la sénatrice n’ait pas reconnu que les lettres étaient racistes.

Mme Beyak n’a pas été à la hauteur de son poste de sénatrice, a souligné Mme Andreychuk en présentant le rapport au Sénat.