Le gouvernement Legault a annoncé mercredi un ménage dans la direction des organismes de recherche financés par le ministère de l'Agriculture et une nouvelle politique de recherche pour garantir l'indépendance des chercheurs.

« Ça sent l'improvisation » et le gouvernement est à la remorque, riposte l'opposition péquiste qui avait justement à la fin de la semaine dernière demandé officiellement à une commission parlementaire de se pencher sur l'indépendance des chercheurs.

Le geste du gouvernement caquiste s'inscrit dans les suites de l'affaire Louis Robert, cet agronome congédié par le ministère de l'Agriculture pour avoir dénoncé publiquement l'ingérence du privé dans la recherche sur les pesticides au Centre de recherche sur les grains (CEROM).

En réponse à une question de Québec solidaire en Chambre mercredi, le ministre de l'Agriculture, André Lamontagne, a fait savoir qu'il voulait « une nouvelle gouvernance des organismes » à compter de la fin d'avril.

Le ministre veut ainsi une gouverne répondant aux plus hautes normes éthiques, assurer l'indépendance de la recherche et s'assurer que l'argent des contribuables est bien investi, a expliqué son attachée de presse, Laurence Voyzelle, dans un courriel transmis à La Presse canadienne. Elle a confirmé que les 16 centres de recherche financés par le MAPAQ sont visés, mais pas l'ensemble des organismes de recherche financés par Québec.

Tous les parlementaires devraient pouvoir se pencher sur ce nouveau modèle, réclame le Parti québécois.

« Si c'est fait en cachette, on est encore dans l'opacité, l'aspect nébuleux du processus de nomination », a déploré le député péquiste de Bonaventure, Sylvain Roy, en entrevue téléphonique.

Par ailleurs, M. Lamontagne a mandaté trois chercheurs indépendants, dont un délégué par le Scientifique en chef du Québec, pour dresser les grandes lignes d'une politique responsable de recherche pour tous les organismes soutenus par le gouvernement.

Toutefois, le mandat est toujours « en cours d'élaboration, nous ne pouvons pour le moment nous avancer davantage sur le sujet », a fait savoir Mme Voyzelle.

« Ils ne savent pas eux-mêmes ce qu'ils vont faire », a estimé M. Roy.

Dans une lettre transmise vendredi dernier à la Commission de l'économie et du travail (CET) de l'Assemblée nationale et obtenue par La Presse canadienne en début de semaine, le député de Bonaventure demandait à la commission « d'entendre les acteurs du monde de la recherche afin que toute la lumière soit faite sur les allégations d'ingérence et d'intimidation, ou concernant tout autre acte pouvant nuire à l'autonomie d'une démarche scientifique ».

Le gouvernement caquiste essaie maintenant de se rattraper en allant au-devant de la commission, a constaté M. Roy.

« Ça sent l'improvisation », a-t-il commenté, en rappelant qu'il n'y a pas si longtemps, les élus du gouvernement ne voulaient même pas entendre parler de l'indépendance et de l'autonomie des chercheurs dans une commission sur les pesticides qu'il a demandée et obtenue.

Si le gouvernement « est sérieux dans sa démarche », il doit donc accepter également que la CET, et non seulement trois chercheurs mandatés, se penche sur les conditions de travail des chercheurs, quel que soit leur domaine, et non exclusivement en agriculture.

« Il vaut mieux que ça se fasse en public avec tout le monde qu'en catimini avec trois chercheurs qui vont faire un rapport qui va atterrir on ne sait où », a conclu M. Roy.