Les députés libéraux du comité à l'éthique de la Chambre des communes ont utilisé leur majorité pour tuer dans l'oeuf la nouvelle tentative des partis d'opposition pour faire entendre, une seconde fois, l'ancienne ministre de la Justice, Jody Wilson-Raybould, ainsi que la ministre démissionnaire Jane Philpott dans l'affaire SNC-Lavalin.

«La tentative est prématurée», a fait valoir le député Nathaniel Erskine-Smith en expliquant notamment que Mme Wilson-Raybould a écrit la semaine dernière au comité de la justice pour les informer qu'elle soumettra de nouvelles informations. M. Erskine-Smith, qui est aussi vice-président du comité, a aussi soutenu que les comités parlementaires n'ont pas tous les outils juridiques nécessaires pour faire une enquête approfondie.

«Je suis d'accord avec mon collègue sur le fait que les comités parlementaires ne sont pas le meilleur endroit pour mener ce genre d'enquête, mais ce sont les seuls que nous avons», a répliqué la députée du NPD, Tracey Ramsey, soutenant que le gouvernement libéral n'a pas prouvé jusqu'à maintenant sa volonté de faire la lumière sur cette affaire.

Au terme d'une réunion de près de deux heures, la motion présentée par le Parti conservateur pour convoquer Mme Wilson-Raybould et Mme Philpott devant le comité de l'éthique, au plus tard le 5 avril prochain, a été défaite par un vote de 6 contre 3.

Dans son plaidoyer, le député Nathaniel Erskine-Smith, qui a été le seul à s'exprimer au nom des libéraux, a aussi rappelé que le commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique, Mario Dion, doit se présenter devant le comité de l'éthique au début du mois de mai et qu'il pourra, à ce moment, faire le point sur son examen de l'affaire SNC-Lavalin.

Son argument est loin d'avoir convaincu les partis de l'opposition alors que M. Dion se trouve actuellement en congé de maladie et que la date de son retour demeure inconnue.

«Premièrement, le commissaire à l'éthique n'a pas l'habitude de commenter les enquêtes qu'il mène et de plus, rien n'indique que si un commissaire intérimaire devait être nommé en raison de l'état de santé de M. Dion, qu'il conclurait l'enquête en cours», a affirmé le député du NPD, Daniel Blaikie.

Les députés néo-démocrates et conservateurs espéraient que le comité à l'éthique de la Chambre des communes se penche sur l'affaire SNC-Lavalin après que les députés libéraux du comité de la justice eurent coupé court la semaine dernière à leur démarche pour faire réentendre Jody Wilson-Raybould. Mme Wilson-Raybould a elle-même affirmé que des questions demeurent toujours sans réponse dans cette histoire qui nuit au gouvernement libéral depuis maintenant sept semaines.