Alexandre Cusson se porte à la défense de Dominique Anglade, que certains libéraux croient incapable de se faire élire en région parce qu’elle est noire. L’adversaire de la députée dans la course à la direction s’est dissocié sans ménagement de ce courant, mercredi.

« Des gens qui pensent comme ça, ils ne sont pas [les] bienvenus autour de moi », a-t-il déclaré en entrevue.

« Il n’y a personne qui m’a parlé de ça, a-t-il ajouté. Il n’y a personne qui m’a dit que c’est épouvantable, qu’une femme noire ne pourrait jamais se faire élire première ministre. Personne ne m’a parlé de ça parce que cette personne, je peux vous le dire, elle se rappellerait de moi. »

Le maire de Drummondville s’est lancé dans la course à la direction du Parti libéral samedi. Il est le seul adversaire déclaré de Mme Anglade dans la campagne à la succession de Philippe Couillard.

Le jour où il a annoncé sa candidature, des commentateurs ont fait état d’un mouvement « anybody but Anglade », soit « n’importe qui sauf Anglade », au sein du PLQ. Ceux qui y adhèrent estiment que le Québec des régions ne voudra rien savoir d’une Montréalaise issue des communautés culturelles.

Refusant d’être associé une seconde à ce courant de pensée, il a publié une lettre ouverte hier pour affirmer sans détour que « la couleur de la peau ne doit pas être un enjeu ». Il a appelé à ce que les « insinuations » à l’égard de Mme Anglade cessent sur-le-champ.

Ces propos, qui semblent avoir été faits sous le couvert de l’anonymat, sont insultants pour tous. Ils le sont pour les Québécoises et les Québécois en les qualifiant pernicieusement de racistes. Ils le sont pour Dominique Anglade en la réduisant à la couleur de sa peau.

Extrait de la lettre ouverte d’Alexandre Cusson, candidat à la direction du PLQ

Mme Anglade et plusieurs de ses partisans se sont dits persuadés, ces derniers jours, que le Québec était ailleurs, et que les origines haïtiennes de la candidate ne seraient pas un obstacle hors des centres urbains.

En entrevue, M. Cusson a abondé dans le même sens. Il souhaite que la course à la direction se joue sur les idées des candidats, et non sur leurs origines.

« C’est important pour moi d’exprimer mes valeurs, ce qui est important pour moi, a-t-il dit. Et [de toute évidence], le débat n’est pas une question de couleur, d’être Blanc, d’être Noir, d’être des régions. Ce n’est pas ça, le débat. »

Nouveaux appuis pour Anglade

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Dominique Anglade

Dominique Anglade a par ailleurs recueilli de nouveaux appuis, a appris La Presse mercredi. L’ancien député de Maskinongé Marc H. Plante a démissionné de son poste d’attaché politique de la whip du PLQ pour se joindre à sa campagne. Il sera le directeur de la campagne pour l’est du Québec.

M. Plante, qui a été défait en octobre dernier, affirme que c’est la Charte des régions proposée par Mme Anglade qui l’a convaincu d’appuyer sa candidature et de prêter main-forte à son organisation.

L’ex-député, qui a grandi à Sainte-Angèle-de-Prémont, en Mauricie, s’est dit convaincu que le Québec des régions sera réceptif aux idées de la députée de Saint-Henri–Sainte-Anne. Il assure que ses origines haïtiennes ne seront pas un facteur.

« Les gens ne sont pas là, a-t-il dit. Les gens veulent des candidats qui ont des idées. Ils choisissent en fonction des idées, en fonction de ce que les politiciens proposent. »

L’organisation de Mme Anglade sera dirigée par un autre vétéran de la politique québécoise. Claude Lemieux sera en effet le chef d’orchestre de la campagne. Ce libéral aux longs états de service a conseillé Robert Bourassa, Daniel Johnson, Jean Charest et Philippe Couillard.