(Montréal) Un gouvernement libéral dirigé par Dominique Anglade ne renouvellerait pas la disposition de dérogation — communément appelée la clause nonobstant — pour la loi 21 sur la laïcité.

En lançant officiellement sa campagne à la direction du Parti libéral du Québec (PLQ), vendredi à Montréal, Mme Anglade a clairement affirmé que son parti laisserait la Loi sur la laïcité à son sort en la dépouillant de la protection de la disposition de dérogation.

« Qu’on soit clair : tout le monde ici est en faveur de la laïcité. Il n’y a personne qui discute la notion de laïcité. Par contre […] je ne vois pas comment le Parti libéral pourrait renouveler une clause nonobstant qui fait en sorte qu’une loi ne passe pas le test des tribunaux.

“Je suis très claire : c’est sûr que sous mon leadership il n’y aura pas de renouvellement de la clause nonobstant », a-t-elle tranché.

La disposition de dérogation permet de soustraire une législation à la Charte des droits et libertés, mais celle-ci doit être renouvelée aux cinq ans.

Quant au vide qui serait laissé par l’invalidation de la loi 21, Mme Anglade estime que le passé est garant de l’avenir et que cet avenir est ailleurs.

« Regardez les décisions qui ont été prises dans les dernières années au Québec ; personne ne peut penser que le religieux a eu un impact sur les décisions que nous avons prises. Mais surtout, je crois que l’avenir du Québec […] est dans l’affirmation de ce que nous sommes comme nation, mais également dans un projet de société qui est emballant. »

Déconnexion de la base et de la population

En lançant sa campagne entourée de plusieurs députés qui l’appuient et d’un groupe d’environ 75 militants enthousiastes, la députée de Saint-Henri–Sainte-Anne a placé au sommet de ses priorités la nécessité pour le parti « de reconnecter avec les Québécois », mais aussi avec ses propres militants. Elle n’a eu aucune hésitation à répondre lorsqu’on lui a demandé si elle croyait, à la lumière du dernier résultat électoral, que le parti s’est coupé de sa base et de la population en général : « La courte réponse à ça, c’est quand même oui. Parce qu’on n’a pas su être suffisamment à l’écoute », a-t-elle reconnu.

Elle a promis qu’il y aurait « des suivis » aux conseils généraux.

« Il va y avoir des rapports, il va y avoir de la rétroaction. C’est ce qu’on a besoin de voir au sein du Parti libéral du Québec. Donner réellement la place aux militants et qu’ils aient une voix forte. »

Charte des régions

Elle s’est aussi engagée à adopter une « Charte des régions » dans laquelle la spécificité de chaque région serait reconnue afin de leur accorder davantage d’autonomie et d’assurer un arrimage à la carte des programmes et interventions gouvernementales plutôt que des solutions « mur-à-mur ».

« La Charte des régions, c’est une manière de se gouverner, c’est de se dire : chaque région est différente, elle a ses particularités. Elle a besoin d’autonomie, de leviers, de moyens pour participer à son développement. »

Il y a tout de même une limite à cette autonomie dans la vision Anglade : « Ce n’est pas une cession du pouvoir central. C’est davantage d’autonomie pour les régions, mais ce n’est pas une cession. »

Dominique Anglade a cherché à se positionner comme une ardente défenderesse du français dans une optique d’interculturalisme pour créer un environnement dépourvu de discrimination.

Par ailleurs, elle a identifié les changements climatiques comme étant le plus grand défi auquel tout gouvernement doit s’attaquer et dit être en mesure de tracer une voie entre « les mesures radicales de Québec solidaire et l’absence totale de conviction environnementale de François Legault », une approche libérale « fondée sur la science et les réalités de notre territoire ».

Elle entend ainsi, une fois au pouvoir, faire adopter une loi sur le climat, un « pacte économique qui touchera tous les pans de la société québécoise », afin de mener le Québec vers une économie carboneutre et atteindre « les cibles imposées par la science ».