Le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jagmeet Singh, a adressé ses premières demandes au gouvernement de Justin Trudeau, lui qui devra composer avec les élus néo-démocrates pour atteindre ses visées au sein d’un gouvernement minoritaire.

Le leader du NPD a exposé devant les journalistes ses deux priorités après avoir tenu une première «séance d’orientation» avec les membres nouvellement élus de son caucus.

La première est le dépôt d’un projet de loi visant la mise en œuvre d’une assurance-médicaments universelle; la seconde est que le gouvernement fédéral revienne sur sa décision d’en appeler d’un jugement le forçant à verser une indemnité aux enfants autochtones lésés par le système de protection de la jeunesse.

«Ce qu’on fait aujourd’hui, c’est de mentionner que nos priorités demeurent les mêmes», a expliqué M. Singh en mêlée de presse à Ottawa. «On commence avec ça, on va avoir des négociations dans l’avenir et je ne veux pas amener ces négociations dans l’espace public», a-t-il ajouté, refusant d’indiquer ce qu’il ferait si les libéraux refusent ses demandes.

«Il est encore trop tôt pour […] dire voici où notre vote va aller ou pas. Ça va vraiment être du cas par cas, on va voir ce sera quoi le discours du trône, les mesures du budget et nous allons juger sur l’ensemble de l’œuvre», a pour sa part indiqué le chef adjoint Alexandre Boulerice, un peu plus tôt aujourd’hui.  

Le NPD a quasiment été rayé de la carte au Québec alors que des 14 élus néo-démocrates, seul le député de Rosemont – La-Petite-Patrie a pu conserver son siège. À l’échelle nationale, les résultats n’étaient guère plus convaincants : la formation n’a fait élire que 24 députés. À la dissolution de la Chambre, elle en comptait 39.

Le NPD a remporté 15,9% du vote populaire au scrutin du 21 octobre dernier, ce qui est moins qu’en 2015. À l’époque, le parti avait récolté 19,7%. M. Singh a cependant esquivé les questions à propos de sa responsabilité dans les résultats obtenus lors des dernières élections, se limitant à préciser qu’il n’en était pas satisfait.

«Fondations fortes au Québec»

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Alexandre Boulerice

«C’est un défi tout le temps, le travail fait pendant la campagne était extraordinaire, j’en suis fier. Je ne suis pas satisfait des résultats, ça veut dire que je veux continuer [le travail] et gagner plus de sièges au Québec et à Toronto», a-t-il souligné. Au Québec, il a assuré que sa formation possède «des fondations fortes».

M. Singh a par ailleurs réitéré sa confiance envers son lieutenant québécois, Alexandre Boulerice. «Le travail à faire ne repose pas seulement sur ses épaules, on va le faire ensemble», a-t-il affirmé, saluant la campagne menée dans la Belle Province. Mais encore là, il refuse de s’aventurer sur ce qui a pu causer la déconfiture du NPD au Québec.

«On n’a pas fait l’évaluation spécifique de ce qui s’est passé au Québec, on va le faire. On travaille très fort parce que le Québec est tellement important», a-t-il indiqué, assurant que son parti «trouvera les solutions».

Il ne croit pas que le port du turban lui ait nui au Québec, dans le contexte du débat houleux sur les signes religieux et l’adoption de la Loi sur la laïcité de l’État. M. Boulerice estime pour sa part que cette loi peut avoir eu un effet, «mais pas partout et moins qu’on aurait pu le croire en début de campagne», a-t-il admis.

M. Boulerice montre plutôt du doigt l’appel au vote stratégique fait par les libéraux en fin de course. «C’est clair que ça nous a fait mal», a-t-il ajouté, assurant qu’un bilan sera réalisé au cours des prochaines semaines pour analyser les résultats.

Interrogé sur le leadership de M. Singh, M. Boulerice a rappelé qu’il a fallu quatre élections au défunt Jack Layton avant de connaître la fameuse vague orange de 2011. «Je pense qu’il faut s’en rappeler», a-t-il lancé.