(Québec) Situation plutôt inusitée : le conseil des ministres du gouvernement Legault n’a pas encore adopté le décret fixant la date de l’élection partielle dans Jean-Talon, mais les pancartes de la candidate caquiste Joëlle Boutin ont mis fin au peu de suspense qu’il y avait encore. « Votez le 2 décembre 2019 », a-t-on pu lire sur les affiches présentes dans son local électoral, dimanche.

C’est un détail qui avait échappé à l’entourage du premier ministre François Legault. Ce dernier était sur place pour confirmer que Mme Boutin tentera sa chance à nouveau dans cette circonscription de Québec, laissée vacante par le député libéral Sébastien Proulx.

Jean-Talon représente le dernier bastion du Parti libéral du Québec dans la région, mais c’est aussi la seule circonscription à l’est de l’île de Montréal où il a connu la victoire lors des élections générales du 1er octobre 2018. La majorité de M. Proulx était de 1300 votes sur Mme Boutin.

François Legault a indiqué que l’élection sera déclenchée « un moment donné », alors que la date du 2 décembre était écrite en grosses lettres autour de lui. Il est donc acquis que le décret sera adopté mercredi.  

Joëlle Boutin est la directrice de cabinet du ministre délégué à la Transformation numérique, Éric Caire. Vantant le curriculum vitae de sa candidate, François Legault a relevé qu’elle a une maîtrise en administration des affaires, mais aussi « une licence de pilote ». « Moi, j’ai un faible pour les pilotes ! » a lancé le cofondateur d’Air Transat. « T’es sûr que ce n’est pas pour les agents de bord ? » l’a subitement interrompu son épouse Isabelle Brais, sur un ton humoristique, déclenchant des rires chez les dizaines de personnes présentes – militants, proches de Mme Boutin et élus de la région. On a remarqué la présence de l’ex-maire de Sillery et ancien chef de l’opposition à la Ville de Québec, Paul Shoiry, qui prêtera main-forte à la candidate caquiste.

De son côté, Joëlle Boutin a soutenu que Jean-Talon a toujours été tenu pour acquis par le PLQ. Elle a invité les électeurs « à faire partie du gouvernement », qui est « en rattrapage des 15 dernières années » de règne libéral. Son responsable des communications, Jean-Philippe Guay, a déjà travaillé dans des cabinets libéraux, sous Philippe Couillard.

Les caquistes présenteront ce scrutin comme une occasion d’appuyer la loi sur la laïcité de l’État. « Le Parti libéral et Québec solidaire nous ont traité de tous les noms possibles pour dire qu’on ne devrait pas aller de l’avant avec le projet de loi 21, a soutenu François Legault. On a tenu notre bout et on a défendu les valeurs québécoises. Dans ce sens-là, le vote sur l’élection partielle sera, oui, un vote pour continuer de donner de l’argent dans le portefeuille des Québécois et pour continuer à défendre les valeurs québécoises. »

Lors d’une mêlée de presse, tout en se défendant de vouloir faire de ce scrutin un référendum sur la loi 21, il a répondu que ce dossier « va sûrement avoir un impact sur les résultats ».

Le PLQ confirmera prochainement la candidature de Gertrude Bourdon, qui avait échoué à se faire élire dans une circonscription voisine aux dernières élections générales. Elle avait retenu l’attention à l’époque en raison de son magasinage politique.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Gertrude Bourdon

« Je ne voudrais pas que [les caquistes] sous-estiment Mme Bourdon », a indiqué M. Legault. « On ne tient rien pour acquis. Les libéraux sont ici depuis longtemps dans Jean-Talon. Donc ce sera une lutte qui va être serrée. »

Québec solidaire choisira son candidat lors d’une assemblée d’investiture, mais ses dirigeants se sont rangés derrière Frédéric Poitras, conseiller de Régis Labeaume, ce qui a provoqué des remous à l’interne. Le Parti québécois sera à nouveau représenté par Sylvain Barrette, enseignant de musique à la retraite.