(Québec) Le gouvernement Legault se défend de ne pas avoir voulu d’une étude sur la qualité de l’eau dans les écoles en expliquant qu’il voulait plutôt éviter que le travail se fasse en double par deux organismes publics.  

Le Devoir rapportait jeudi que trois chercheurs de VisezEau, un projet du ministère de la Santé pour remplacer la consommation de boissons sucrées dans les écoles par de l’eau potable, avaient claqué la porte l’hiver dernier après que Québec eut retiré le volet sur la qualité de l’eau.  

Alors que Québec est accusé par les partis d’opposition d’avoir été négligent dans ce dossier, la ministre de la Santé, Danielle McCann a expliqué jeudi que le ministère avait pris cette décision pour éviter que le travail déjà effectué par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) soit fait en double.  

« On est en train de faire un portrait exhaustif de la situation avec les autres ministères […]. Cette démarche va se faire très rapidement », a affirmé Mme McCann, sans indiquer quand les accès à l’eau dans les écoles et les garderies du Québec seront testés afin de s’assurer que les concentrations en plomb, entre autres, ne dépassent pas les limites permises.  

Plus tôt cette semaine, après la publication ces derniers mois de plusieurs reportages dans
La Presse, Le Devoir, Le Soleil et d’autres médias, Québec a ordonné que toutes les écoles et garderies du Québec s’assurent que l’eau potable de leurs abreuvoirs ne contient pas une concentration trop forte en plomb.  

« Si on voit qu’il y a des dépassements des normes, on va demander que soient condamnées ces sources d’approvisionnement et on va donner de l’eau qui est saine aux élèves », avait déclaré le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge.  

« S’il y a un problème de plomb, il faut fermer les fontaines, fermer les abreuvoirs, le temps de faire les réparations nécessaires. […] [Mais] les indications sont que dans la grande, grande, grande majorité des cas, il n’y a pas de problème », a dit jeudi le premier ministre François Legault.  

Du côté des garderies, le ministre de la Famille, Mathieu Lacombe, a pour sa part affirmé qu’il ne fallait pas être « alarmiste ».  

« Il faut savoir que la plupart des garderies et des CPE sont des constructions récentes, a-t-il rappelé. Le risque est plutôt pour les bâtiments qui datent d’il y a plus longtemps. Mais ceci dit, on ne fait pas de compromis sur la sécurité des enfants. »

Et si des rénovations doivent être faites dans les garderies en milieu familial, « on pourra s’arranger entre adultes après, lorsqu’on se sera assurés que la santé des enfants n’est pas compromise […] pour savoir qui va payer la facture », a-t-il ajouté.  


De la négligence, dit l’opposition 

Pour les partis d’opposition à Québec, le gouvernement Legault a fait preuve de négligence dans ce dossier et se comporte comme s’il ne faisait pas confiance à la science.  

« Nous sommes inquiets pour la santé de nos jeunes, la sécurité de nos jeunes dans les écoles. Le ministre de l’Éducation a décidé de prioriser ses intérêts et d’avancer tête baissée dans son projet de maternelle 4 ans. Omnubilé par cette promesse, il a oublié de s’occuper d’abord des jeunes dans nos écoles et de s’assurer de la qualité de l’eau », a déploré la libérale Marwah Rizqy, jeudi.

« Je me mets à la place des parents. Ils sont inquiets. Pensez aux enseignants, pensez aux élèves qui boivent cette eau-là. Ils ne savent pas s’ils boivent une eau de qualité », a-t-elle ajouté.  

« Je pense qu’il faut rester calme, mais que les experts doivent nous dire ce qu’il en est. Le gouvernement a cette responsabilité de faire en sorte de donner une information juste et transparente et de nous expliquer pourquoi il ne s’est pas référé aux experts », a déclaré la péquiste Véronique Hivon.

« C’est un [nouvel] élément qui s’ajoute à une longue liste d’épisodes où on voit un gouvernement qui a un malaise avec l’expertise scientifique et qui va parfois en sens inverse », a ajouté Gabriel Nadeau-Dubois de Québec solidaire.  

- Avec Martin Croteau