(Québec) Malaise à l’Assemblée nationale mardi : la ministre de la Santé, Danielle McCann, a été forcée d’admettre, en pleine séance, qu’elle a déjà appuyé la réforme Barrette.

Elle a semblé estomaquée de voir le député libéral de Pontiac, André Fortin, brandir au Salon bleu la lettre élogieuse qu’elle avait écrite en 2014 au ministre de la Santé de l’époque, Gaétan Barrette.

Mme McCann a l’habitude de blâmer le précédent gouvernement libéral pour tous les maux du système de santé. Elle venait d’ailleurs de le faire dans une réponse à André Fortin en évoquant les « dommages causés par l’ancien gouvernement » qui prendront « du temps à réparer ».

Dans sa lettre acheminée à M. Barrette le 4 décembre 2014, elle se présente comme une résidante de Brossard ayant oeuvré pendant plus de 30 ans dans le réseau de la santé, dont deux ans à titre de présidente-directrice générale de l’Agence de la Santé et des Services sociaux de Montréal.

Avant cela, elle avait dirigé le Centre de santé et de services sociaux du Sud-Ouest—Verdun, où elle a, explique-t-elle, réalisé la fusion des six établissements d’origine et intégré les programmes.

« J’aimerais vous saluer et vous féliciter pour votre nomination à titre de ministre de la Santé », débute-t-elle dans sa missive dont l’objectif avoué était de se proposer pour siéger au sein du conseil d’administration d’un Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS).

La loi 10 de Gaétan Barrette, vilipendée par la Coalition avenir Québec (CAQ), a aboli des agences de santé et regroupé des services sous la bannière des CISSS et CIUSSS. Le but était d’améliorer l’efficience et de simplifier les services à la population.

« Meilleure fluidité des services »

Avant de devenir ministre caquiste, Mme McCann approuvait la réforme. « C’est avec beaucoup d’intérêt que j’ai pris connaissance des projets de loi 10 et 20. Concernant le premier, la fusion de plusieurs établissements dans un même territoire telle que je l’ai vécue a diminué les charges administratives et permis une meilleure fluidité des services », a-t-elle continué dans sa lettre.

M. Fortin a d’ailleurs lu ce passage devant tous les parlementaires mardi. Il a demandé à Mme McCann si elle était toujours d’accord avec elle-même.

Se levant de son siège au Salon bleu, celle-ci a d’abord déclaré ne pas avoir entendu M. Fortin, qui s’est fait un malin plaisir de relire le passage. Puis, chose rarement vue en période des questions, elle a demandé à authentifier la lettre. Elle a pris une bonne minute pour la lire, silencieusement, devant ses collègues, tout aussi silencieux.

« Oui, bien, M. le Président, j’étais à ce moment-là dans un autre contexte. Puis effectivement, je vois bien, oui, que j’ai écrit cette lettre au député de La Pinière. Je le reconnais, M. le Président », a-t-elle dû admettre dans l’embarras le plus complet.

« Maintenant, je suis en mesure de voir les dommages de cette réforme », a-t-elle ajouté en tentant de se reprendre.

Plus tard, le chef intérimaire du Parti libéral du Québec (PLQ), Pierre Arcand, a voulu marquer le coup en gazouillant : « En 2014, @MinistreMcCann a acheminé une lettre à @drgbarrette pour le féliciter de son bon travail et lui souligner qu’il était sur la bonne voie. C’est drôle comment son discours a changé depuis qu’elle est ministre. Quelle version est la vraie ? »

Sept ministres absents

Dans un autre ordre d’idées, le leader de l’opposition libérale, Marc Tanguay, s’est levé mardi pour souligner l’absence du premier ministre François Legault et de sept de ses ministres en Chambre, donc près du tiers du conseil des ministres.

Depuis la reprise des travaux parlementaires la semaine dernière, M. Legault a manqué la moitié des périodes des questions.

« On ne peut pas fonctionner comme ça », s’est plaint M. Tanguay au président de l’Assemblée nationale, François Paradis.