(Ottawa) La ministre fédérale de l’Environnement, Catherine McKenna, requiert un service de protection rapprochée après avoir été la cible d’agressions verbales, parfois même en présence de ses enfants.

Les menaces proférées en ligne à l’encontre d’hommes — et surtout de femmes — politiques ont déjà fait couler beaucoup d’encre. Mais tandis que les changements climatiques suscitent des tensions grandissantes, la ministre McKenna affirme que le fiel qui se déversait habituellement de manière anonyme sur l’internet se traduit de plus en plus par des attaques en chair et en os.

Elle raconte qu’un véhicule s’est récemment arrêté à côté de ses enfants et elle, pendant qu’ils marchaient devant un cinéma.

« Va te faire f* * *, Barbie du climat », lui a lancé le conducteur.

Cet incident n’est qu’une des nombreuses occasions où la ministre s’est fait apostropher en public en compagnie de ses enfants. On l’a déjà traitée de traître, d’ennemie et d’« ordure communiste ». La sécurité de sa famille a été menacée à maintes reprises. Certaines personnes sont allées jusqu’à leur souhaiter de contracter des maladies mortelles.

« Tu es une souillure sur ce pays et j’espère que tu pourriras en enfer », peut-on lire dans l’un des messages reçus par la ministre.

Elle nécessite donc parfois un service de protection plus resserré que celui fourni aux autres membres du cabinet.

« Il y a des endroits où, oui, je dois avoir de la sécurité maintenant et je ne pense pas que ce soit une très bonne situation, affirme-t-elle. Je suis quelqu’un qui essaie de faire mon travail, de vivre ma vie, de parler et d’engager le dialogue avec les gens, et ça rend les choses plus difficiles. Je ne vais pas me laisser arrêter par ça, mais j’aimerais que ça s’arrête. »

La ministre n’a pas fourni plus de détails sur ses nouveaux besoins en matière de sécurité afin de ne pas révéler les moments où elle est plus vulnérable.

Catherine McKenna n’est pas seule à craindre pour sa sécurité. Tzeporah Berman, la coordinatrice internationale du programme Stand. Earth a signalé plus tôt cet été avoir reçu des menaces de mort et avoir été agressée physiquement à l’aéroport d’Edmonton par un homme enragé par sa campagne contre les sables bitumineux.

Catherine Abreu, la directrice de la branche canadienne de Climate Action Network, fait état d’une source de frustration et de peur constante pour les environnementalistes.

« Nous en parlons tous les jours, admet-elle. Il y a beaucoup de personnes dans mon milieu qui se sentent menacées. »

La ministre McKenna dit ne pas avoir l’habitude de décrier ce genre d’attaques, par crainte de donner de l’attention à ceux qui les perpètrent. En 2017, elle a néanmoins dénoncé le député conservateur Gerry Ritz, qui l’avait désignée comme la « Barbie du climat » sur Twitter.

Cette insulte a été popularisée par le site web de droite, The Rebel, peu de temps après que Mme McKenna eut été nommée ministre de l’Environnement.

Gerry Ritz, un ex-ministre de l’Agriculture, a supprimé sa publication controversée et a présenté ses excuses. Il a depuis démissionné du Parlement.

Pour Mme McKenna, le fait que des climatosceptiques s’en soient pris à Greta Thunberg, une militante suédoise âgée de seulement 16 ans, démontre bien la bassesse de certains d’entre eux.

Le chef du Parti populaire du Canada, Maxime Bernier, en fait partie, lui qui a insinué sur Twitter que Greta Thunberg est mentalement instable. Il est plus tard revenu sur ses propos, expliquant qu’il ne voulait pas insulter l’adolescente, mais bien souligner qu’elle n’est qu’un pion instrumentalisé par des adultes pour faire valoir une fausse urgence climatique.