(Ottawa) La ministre Caroline Mulroney, prise dans la tourmente pour sa gestion de la crise franco-ontarienne, est l’attraction vedette d’un cocktail conservateur au distingué club Saint-James à Montréal mercredi soir.

Ses célèbres parents, l’ancien premier ministre Brian Mulroney et son épouse Mila Mulroney, seront également présents à la soirée de financement à 350 $ le billet.

Les associations du Parti conservateur du Canada de la région de Montréal ont décidé d’inviter Mme Mulroney, qui cumule les rôles de ministre des Transports et de ministre des Affaires francophones de l’Ontario, pour fouetter les troupes à l’aube de la campagne électorale.

La ministre a l’intention de parler de son expérience depuis qu’elle a été nommée au sein du gouvernement Ford et de l’importance de ramasser les « dégâts » laissés par un précédent gouvernement libéral.

Il n’est par contre pas question de parler du fait français au Canada, a indiqué son directeur des Affaires francophones, Matthew Conway, qui précise qu’elle y sera comme « militante » avant tout.

Mme Mulroney a été vivement critiquée pour les compressions touchant les droits linguistiques des Franco-Ontariens l’hiver dernier. Elle a justifié ces décisions par un déficit plus élevé que prévu laissé par le gouvernement de Kathleen Wynne.

Depuis, les libéraux de Justin Trudeau tentent d’associer le premier ministre ontarien Doug Ford au chef conservateur fédéral Andrew Scheer, en laissant planer des compressions si M. Scheer est porté au pouvoir cet automne.

« C’est un message particulier que les conservateurs envoient. Ils invitent la ministre responsable des coupures aux francophones et ils l’invitent faire une levée de fonds ici même au Québec », dénote le ministre du Patrimoine canadien et du Multiculturalisme, Pablo Rodriguez, en entrevue avec La Presse canadienne.

M. Rodriguez se dit d’autant plus étonné que Mme Mulroney intervienne « directement » dans la campagne fédérale, alors que son premier ministre, M. Ford, a indiqué qu’il prenait ses distances de l’élection fédérale.

Alain Rayes se défend

Le lieutenant politique québécois de M. Scheer, Alain Rayes, dit qu’il n’a pas l’intention de répondre aux attaques et ainsi jouer « le jeu des libéraux ».

« Honnêtement, c’est un enjeu qui touche le gouvernement de l’Ontario, de Doug Ford. Nous, de notre côté, il n’y a aucune intention de faire des compressions, au contraire, pour les enjeux de compétence fédérale.

“Nous, notre message a toujours été clair : on va soutenir les deux langues officielles et on va travailler en partenariat (avec) les gouvernements provinciaux pour les enjeux qui touchent les francophones comme les anglophones partout au pays en milieu minoritaire », explique-t-il.

M. Rayes se dit « fier » d’avoir des gouvernements provinciaux conservateurs partout à travers le pays, mais admet que toutes les provinces ont leurs propres « défis ».

Il n’a pas voulu s’avancer sur les compressions imposées aux Franco-Ontariens, sous prétexte que c’est un « enjeu qui touche la province de l’Ontario ».

Chose certaine, il croit qu’il vaut mieux garder les canaux de communication ouverts. « Ce n’est sûrement pas en s’attaquant aux gouvernements provinciaux, en leur manquant de respect, qu’on va trouver des pistes de solutions pour aider les citoyens », soutient M. Rayes.

« On ne va pas se taire simplement pour être amis, rétorque M. Rodriguez. On a l’obligation de décrier ces coupures-là et de le dire haut et fort. C’est ce qu’on fait. »